Le cancer du sein est le plus fréquent chez les femmes dans le monde. Il représente 16% de l’ensemble des cancers féminins. Si les taux de survie varient énormément d’un pays à l’autre, allant de 80% ou plus en Amérique du Nord, en Suède et au Japon à près de 60% dans les pays à revenu intermédiaire et à moins de 40% dans ceux à faible revenu, une forme de cancer du sein est plus meurtrière que les autres, et ce quelque soit le pays où la patiente est traitée : le cancer du sein dit "triple négatif".
D’après une nouvelle étude parue dans la revue CANCER, cette forme de cancer si difficile à soigner prédominerait surtout chez les femmes de couleur et/ou jeunes.
L'impact du diagnostic tardif
Si des recherches précédentes avaient déjà montré des disparités raciales dans les diagnostics des cancers triple négatifs, il s’agit de la première étude sur le sujet de cette ampleur. Ici, les chercheurs de l’Université de Santé Publique de l’Etat de Géorgie ont analysé tous les cas de cancers du sein diagnostiqués entre 2010 et 2014 recensés dans les données des Statistiques des Cancers aux Etats-Unis.
Sur les 1 151 724 cas de cancers du sein identifiés au cours de cette période, 8,4% d’entre eux étaient triple négatif. Et les femmes Noires et Hispaniques avaient respectivement 2,3 fois et 1,2 fois plus de risques d’être diagnostiquées avec cette forme de cancer du sein, note l’étude. Les femmes de moins de 40 ans avaient quant à elles deux fois plus de risques de souffrir du cancer du sein triple négatif que celles âgées entre 50 et 64 ans. Qui plus est, parmi les patientes souffrant d’un cancer du sein, celles diagnostiquées tard étaient 69% plus susceptibles d’avoir un cancer triple négatif que les autres.
Des recherches plus poussées pour mieux identifier les facteurs de risque
En raison de la nature agressive du cancer triple négatif et du manque d’options thérapeutiques, il est important de savoir qui est plus à même d’en développer un et pourquoi, notent les chercheurs. "Avec l’avènement et la mise à disposition de données plus compréhensibles sur les cancers comme la base de données de statistiques des Cancers aux Etats-Unis, il est important que nous continuions à explorer les disparités afin de mieux informer les professionnels sur le diagnostic de cancers comme le cancer du sein", explique le Dr Scott qui a mené l’étude. "Nous espérons que cette découverte sur l’épidémiologie du cancer du sein triple négatif pourra servir de base à des recherches plus approfondies sur les facteurs y contribuant", poursuit-il.
En France, le cancer du sein est le plus diagnostiqué chez la femme. En 2017, près de 60 000 nouveaux cas ont été identifiés dans l’Hexagone. Parmi eux, 15 à 20% étaient triple négatif. A l’heure actuelle, une équipe de l’Inserm travaille à mettre au point une radio-immunothérapie pour les traiter.
"La radio-immunothérapie consiste à administrer des anticorps capables de reconnaitre la tumeur et équipés d’une molécule radioactive qui irradie les cellules cancéreuses et les élimine. Le produit est injecté par voie sanguine et circule dans l’organisme ce qui permet de lutter à la fois contre la tumeur primaire et les métastases", est-il expliqué sur le site de la fondation Arc pour la recherche sur le cancer qui finance ces travaux.