En 2017, 538 signalements de ruptures de stocks ou tensions d'approvisionnement de médicaments ont été dénombrés en France par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Cette année, plus de 1200 traitements ou vaccins seront concernés par des situations de pénurie, comme ce fut le cas dernièrement pour la cortisone, selon les projections de l'ANSM. "C’est 60% de plus qu’en 2018 et 30 fois plus qu’en 2008", s'alarme l'association France Assos Santé, alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a présenté "sa feuille de route" 2019-2022 ce lundi matin pour lutter contre les pénuries de stocks.
Deux grands axes
Présentée au siège parisien de l’Ordre des pharmaciens, elle comporte une série de "grandes orientations" qui devraient aboutir sur un plan définitif en septembre, lequel reposerait sur deux grands axes : "promouvoir la transparence et la qualité de l’information" et mettre en place des "actions ciblées et adaptées à chacun des acteurs du circuit du médicament", telle que la possibilité pour les pharmaciens de "remplacer le médicament indisponible initialement prescrit par un autre médicament", lorsque la pénurie concerne un "médicament d’intérêt thérapeutique majeur".
De même, la ministre de la Santé souhaite une meilleure "coopération européenne", en poursuivant "les discussions sur l’achat groupé notamment de vaccins essentiels au niveau européen" et un "partage d’information concernant les situations et les causes des pénuries à l’échelle de l’Europe". Pour cela, elle prévoit la création d'un comité de pilotage associant l’Agence du médicament (ANSM) et "l’ensemble des acteurs concernés".
"Il faut revoir l’ensemble de la chaine"
"Il n’est pas admissible que des personnes atteintes de cancers, de Parkinson ou d’épilepsie chronique ne puissent trouver en pharmacie les traitements qui leur ont été prescrits", rappelle Gérard Raymond, président de France Assos Santé. "Il faut revoir l’ensemble de la chaine, identifier clairement les causes et mettre tous les acteurs face à leurs responsabilités. Les médicaments ne sont pas des produits de consommation comme les autres, leur production et leur distribution ne sauraient répondre à la seule logique de rentabilité financière".
L'association entend bien trouver sa place au sein du fameux comité de pilotage et demande :
- La transparence totale sur les causes et sur les plans de gestion de pénuries (PGP) mis en place par les industriels. Ces PGP, pourtant imposés par les pouvoirs publics aux fabricants, ne sont en effet jamais rendus publics,
- Que l’obligation d’approvisionnement continu et approprié du marché français imposée aux industriels soit assortie de sanctions financières. Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune pénalité financière n’est aujourd’hui prévue par la loi en cas de manquement à cette obligation,
- Que les usagers et leurs représentants soient informés et impliqués à chaque étape du processus d’anticipation, d’identification et de contrôle de ces situations de pénuries,
- Que les dysfonctionnements avérés soient sanctionnés notamment financièrement à la hauteur du préjudice subi par les malades. Et ce, qu’il s’agisse des grossistes répartiteurs ou des industriels.