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Espoir

De nouveaux antibiotiques efficaces contre les bactéries résistantes

Par Raphaëlle de Tappie

Alors que l'antibiorésistance se développe de plus en plus dans le monde, des chercheurs français ont testé avec succès de nouveaux antibiotiques efficaces contre les bactéries multi-résistantes.

Gam1983/iStock

Avec le 20ème siècle sont arrivés les antibiotiques. Depuis, ces substances naturelles ou synthétiques capables de détruire ou bloquer la croissance des bactéries ont sauvé des milliards d’êtres humains. Malheureusement, à force d’en prendre, l’organisme peut se montrer de plus en plus résistant. "Si cette tendance se généralisait, les conséquences pour la santé publique seraient catastrophiques", explique l’Inserm qui vient, en collaboration avec l’Université de Rennes 1, de mettre au point des antibiotiques efficaces contre les bactéries multi-résistantes à Gram négatif et positif sur des souris. Ces travaux ont été publiés le 9 juillet dans la revue scientifique Plos Biology.

Les chercheurs ont identifié une nouvelle toxine et l’ont transformée en antibiotiques qu’ils ont testés sur des souris. "Sur la vingtaine de molécules créées, deux se sont avérées efficaces contre le Staphylocoque doré et les Pseudomonas aeruginosa résistants sur des modèles murins atteints de sepsis sévères ou d’infections cutanées", explique l’Inserm. Alors que les scientifiques avaient créé des conditions favorables au développement de résistances in vitro et in vivo, rien ne s’est déclaré.

Qui plus est, "nous les avons testés à des doses 10 à 50 fois supérieures à la dose efficace sans observer de toxicité", se félicite Brice Felden, directeur du laboratoire ‘ARN régulateurs bactériens et médecine’ de Rennes.

Des candidats prometteurs au développement de nouveaux antibiotiques 

"Tout est parti d’une découverte fondamentale en 2011", développe-t-il. Et de poursuivre : "nous nous sommes rendu compte qu’une toxine fabriquée par les staphylocoques dorés dont le rôle était de faciliter l’infection était également capable de tuer d’autres bactéries présentes dans notre organisme. Nous avions ainsi identifié une molécule qui possédait une double activité toxique et antibiotique. Nous nous sommes dit que si nous arrivions à dissocier ces 2 activités, nous serions capables de créer un nouvel antibiotique dépourvu de toxicité sur notre organisme. Restait à relever ce challenge". 

Les peptidomimétiques (molécules organiques) utilisées fonctionnent bien contre les bactéries car leurs acides aminés non naturels renforcent le lien entre ces composés et les membranes de bactéries infectieuses.  

"Nous pensons que ces nouvelles molécules représentent des candidats prometteurs au développement de nouveaux antibiotiques, pouvant apporter des traitements alternatifs à la résistance aux antimicrobiens", notent les chercheurs qui comptent désormais lancer un essai clinique de phase II chez les humains.

Distinguer les infections virales des bactériennes 

Tous les ans, 700 000 personnes, dont 25 000 en Europe, meurent d’infections dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques. Très inquiète de cette tendance, l’OMS a publié en février 2017 une liste de bactéries résistantes représentant une menace à l’échelle mondiale et lance régulièrement des campagnes pour sensibiliser à un "bon usage des antibiotiques".

"La résistance aux antibiotiques entraîne une augmentation des dépenses médicales, une prolongation des hospitalisations et une hausse de la mortalité. (…) Même si l’on met au point de nouveaux antibiotiques, la résistance demeurera une grave menace sans une modification des comportements", alerte-t-elle sur son site.

Ainsi, afin de ne pas prendre des antibiotiques pour rien, il faut se faire vacciner, privilégier un lavage des mains régulier ainsi qu'une bonne hygiène alimentaire et se protéger lors des rapports sexuels. Quand on est malade, il est important de distinguer les infections virales des bactériennes car les antibiotiques n’affectent pas les virus. Des tests de dépistage existent par exemple pour les angines, extrêmement fréquentes et encore trop associées à la prescription d’antibiotiques. Enfin, d’après l’Inserm, il faut également "choisir un antibiotique pertinent" et "adapter la cure aux besoins", soit limiter la durée des traitements au strict nécessaire.