En France, on estime que chaque habitant consomme en moyenne 50,9 litres de soda par an. Un chiffre bien inférieur à celui des Américains (146,5 litres par habitant) mais qui fait pourtant déjà des ravages sur notre santé.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude de l’Inserm discutée ce jeudi 10 juillet lors de la conférence internationale sur le foie, et que s’est procurée Le Parisien. D’après ses auteurs, boire ne serait-ce que 33 cl de soda sucré par jour, soit l’équivalent d’une canette, est néfaste pour le foie.
Un risque de stéatose hépatique
"Beaucoup de Français en boivent tous les jours. Ils savent qu'elles favorisent l'obésité et le diabète, mais ils ne pensent jamais au foie !", s’alarme Lawrence Serfaty, professeur au CHU de Strasbourg et membre de l'association française des hépatologues.
En cause : la quantité parfois faramineuse de sucre contenue par ces boissons, et qui est à l’origine d’une maladie appelée stéatose hépatique non alcoolique (NASH). Aussi connue sous le nom de "maladie du foie gras" ou "maladie du soda", la NASH est une maladie silencieuse, sans symptôme, qui dégrade insidieusement le foie. "L'organisme n'a pas besoin d'autant de sucre", rappelle Dominique Lannes, hépato-gastroentérologue à Paris. "Comme il est liquide, il est très facilement assimilé par l'intestin. Il rencontre ensuite le foie qui transforme ce sucre en graisse, c'est là le risque."
En effet, cette consommation excessive de sucre peut entraîner une insuffisance hépatique et, à terme, une cirrhose ou un cancer.
Si les personnes souffrant d’obésité, d’hypertension artérielle ou de diabète de type 2 sont plus à risque de développer une stéatose hépatique, il n’en reste pas moins que le diagnostic est très souvent établi trop tard, lorsque les dommages au foie sont irréversibles et nécessitent alors une greffe.
Des enfants biberonnés au soda
Ce phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il ne concerne plus seulement les adultes : de plus en plus d’enfants, parfois très jeunes, consomment régulièrement, voire quotidiennement, des boissons très sucrées.
"Des parents prennent de plus en plus l'habitude de mettre du coca ou des jus dans le biberon des bébés ! Ils carburent au soda et ne veulent plus boire de l'eau. Les plus petits sont plus facilement addicts au sucre, une appétence innée", s’alarme le Dr Lannes.
Attention aussi aux jus de fruit, prévient-il. "Ils contiennent des vitamines et plus de fibres mais cela reste du sucre !"
Quant aux sodas light, ils ne risquent pas de générer de stéatose hépatique mais entretiennent notre addiction au sucre. "Le vrai problème, c'est que 90 % des gens qui boivent des sodas classiques chaque jour ont aussi une alimentation très déséquilibrée", conclut le professeur Mathurin, chef du service des maladies de l'appareil digestif du CHU de Lille.