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Rôle du stress

Pourquoi est-il si difficile de résister à l’alcool et au fast-food ?

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude met en lumière les mécanismes cérébraux qui nous rendent l’alcool ou de la nourriture grasse et sucrée "irrésistible", notamment quand nous sommes stressés.

LightFieldStudios/iStock

Avez-vous déjà cherché à repousser une envie subite de crème glacée, de frites ou de verre de bière avant de "craquer" parce qu’il était trop difficile de résister ?

Vous êtes loin d’être le ou la seule. L’impact de ces stimuli sur le cerveau a même fait l’objet de nombreuses études neuroscientifiques qui ont montré que l’addiction à certains aliments activait certaines zones du cerveau comme le cortex préfrontal et le thalamus en agissant sur le circuit de récompense.

Mais jusqu’à présent, les scientifiques ignoraient dans quelle mesure notre cerveau était capable de contrôler ces stimuli. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de New South Wales à Sydney, en Australie, et publiée dans la revue Psychological Science, vient de révéler que nous sommes bien capables de repousser les signaux de récompense indésirables susceptibles de déclencher des fringales et une dépendance. Et nous faisons cela en utilisant les processus de contrôle exécutif de notre cerveau.

Toutefois, si nous sommes stressés ou fatigués, il nous sera probablement plus difficile d’ignorer l’ensemble des stimuli environnementaux qui nous entourent, ce qui nous rend plus susceptibles de "craquer". "Nous disposons d'un ensemble de ressources de contrôle qui nous guident et nous aident à supprimer ces signaux indésirables de récompense. Mais quand ces ressources sont taxées, elles deviennent de plus en plus difficiles à ignorer", explique Poppy Watson, auteure principale des travaux.

L’impact du stress sur notre volonté

Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont soumis des participants à des jeux de mémoire et de concentration contre de l’argent. "Pour manipuler la capacité des participants à contrôler leurs ressources d'attention, nous leur avons demandé d'effectuer cette tâche dans des conditions de charge mémoire élevée et de faible charge mémoire", explique le Dr Watson.

Les chercheurs ont constaté que dans la version à charge de mémoire élevée, les participants avaient du mal à se concentrer sur leur tâche, se concentrant sur des détails qui étaient contre-productifs.

Ces résultats démontrent ainsi que pour réussir à supprimer les signaux indésirables de récompense dans l'environnement, ils avaient besoin d’un accès complet au processus de contrôle exécutif. Ce qui n’était pas possible dans cette version stressante de l’exercice.

"C'est particulièrement important dans les situations où les gens essaient d'ignorer les signaux et d'améliorer leur comportement, par exemple en consommant moins d'alcool ou de fast-food", explique la chercheuse.

Résister aux stimuli

Pour le Dr Watson, cela explique notamment pourquoi les gens peuvent trouver plus difficile de se concentrer sur un régime ou de combattre une dépendance s'ils sont soumis à beaucoup de stress.

"L'inquiétude ou le stress constant est l'équivalent du scénario de charge de mémoire élevée de notre expérience, il a un impact sur la capacité des gens à utiliser leurs ressources de contrôle exécutif d'une manière qui les aide à gérer les signaux indésirables dans l'environnement".

Elle conseille aussi d'être stratégique au sujet de l'exposition aux stimuli. "Si vous subissez beaucoup de pression cognitive (stress ou fatigue), vous devriez vraiment essayer d'éviter les situations où vous serez tenté par les signaux. Il faut être dans le bon état d'esprit pour être dans une situation où l'on peut s'empêcher d'être distrait et de s'engager sur une voie où l'on ne veut pas aller", dit-elle.

Désormais, la prochaine étape consiste à comprendre comment le contrôle exécutif peut être renforcé et si cela présente une opportunité pour des situations comme la désintoxication.