Dangereuses pour le foie, accusées d’augmenter le risque d’AVC ou de favoriser l’obésité : les boissons sucrées sont pointées du doigt. Une nouvelle étude met en lien la consommation de ces breuvages et le risque de cancer. Les résultats ont été publiés dans le British Medical Journal.
Une étude française
La recherche a été menée par des chercheurs français de l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN / Inserm / Inra / Cnam / Université Paris 13). Pour réaliser leurs travaux, ils se sont basés sur la cohorte NutriNet-Santé. Cette dernière a été créé en 2009 pour analyser les relations entre santé et alimentation. Près de 160 000 participants ont répondu aux questionnaires sur le site internet.
Un risque de cancer du sein particulièrement important
Pour cette recherche, 101 257 personnes ont été sélectionnées. Leurs réponses ont permis de déterminer leur consommation moyenne de différentes boissons sucrées : sodas, sirops, jus de fruits sans sucres ajoutés, breuvages pour sportifs ou encore boissons énergétiques. En parallèle, l'équipe a étudié le risque de cancer du sein, de la prostate, colorectal et le risque global.
Les chercheurs constatent que la consommation de boissons sucrées est associée à un risque plus élevé de cancer, en particulier de cancer du sein. Boire 100 mL de boisson sucrée supplémentaire chaque jour augmente de 18% le risque de souffrir d’un cancer en général et de 22% celui d’être atteint d’un cancer du sein. Ces résultats sont aussi valables pour les jus de fruits sans sucres ajoutés.
Pas de lien de cause à effet prouvé
L’étude réalisée est observationnelle, c’est-à-dire qu’elle permet de constater une corrélation entre la consommation de ce type de boissons et le risque de cancer, mais elle ne définit pas de relation de cause à effet. Les chercheurs considèrent toutefois que ces breuvages pourraient en être à l’origine puisque d’autres études ont montré les effets d’un taux de sucre élevé dans le sang et la présence d’inflammation sur le risque de cancer.
Ils soulignent que leur étude a été réalisée principalement auprès de femmes, d’un niveau socio-professionnel plus élevé que la moyenne française et conscientes de la nécessité d’une alimentation saine. "Cela a pu avoir pour conséquence une incidence plus faible des cancers (dans le groupe) en comparaison aux estimations nationales", soulignent-ils.
La taxe soda : une bonne idée ?
"Ces données sont importantes dans un contexte de santé publique où la taxe soda est débattue au niveau national et international, ajoute le communiqué. Elles supportent l’intérêt des recommandations nutritionnelles du Programme National Nutrition Santé (PNNS) qui visent à limiter la consommation de boissons sucrées, y compris les jus de fruits 100 %, ainsi que des mesures politiques."
En France, depuis le 1er juillet 2018, les boissons sucrées sont taxées en fonction du sucre qu'elles contiennent. Certains industriels ont déjà modifié leurs recettes pour éviter une augmentation du prix de leurs produits. Aux Etats-Unis, une taxe du même genre a permis de réduire de 40% la consommation de boissons sucrées dans la ville de Philadelphie.