Il y a quelques semaines, un homme a fait la Une des journaux français après avoir été piqué par 200 abeilles alors qu’il se promenait en Haute-Loire. Il en est mort. Chaque année, en France, une quinzaine de personnes environ décèdent après une piqûre d’hyménoptère (abeilles, guêpes ou frelons). En 2014, l’Institut national de veille sanitaire comptait 153 morts entre 2000 et 2010. Si ces chiffres demeurent très faibles, une piqûre d’abeille peut être très inquiétante pour les personnes allergiques.
Toutefois, cette phobie pourrait bientôt ne plus être qu’un mauvais souvenir pour ces malheureux. D’après un article paru dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology, des chercheurs australiens auraient complété avec succès un essai clinique sur un vaccin ayant pour but d’éliminer le risque d’allergie sévère après une piqûre d’abeille européenne ou Apis mellifera.
Pour mettre au point leur sérum, les chercheurs de l’Université Flinders et de l’Hôpital Royal Adelaide ont travaillé avec 27 adultes ayant des antécédents de réactions allergiques aux piqûres d’abeilles. Le vaccin utilisé contenait un adjuvant à base de sucres ayant pour objectif d’aider le corps à neutraliser plus rapidement le venin d’abeille. Ce composé Advax avait été administré avec succès à plus d'un millier de personnes par le biais de toute une gamme de vaccins, précisent les auteurs de l’étude.
"Le traitement actuel pour les allergies est long et laborieux"
"C’est comme ajouter un turbocompresseur à une voiture. Cela rend le vaccin contre les abeilles beaucoup plus puissant, permettant au système immunitaire de mieux neutraliser le venin d’abeille et d’empêcher les symptômes allergiques", explique le Professeur Nikolai Petrovsky de l’Université Flinders. Ici, le but de l’essai clinique était de voir si l’adjuvant pouvait accélérer de manière sûre et efficace l’immunothérapie aux piqûres d’abeille.
"Les résultats de cette étude sont très prometteurs et ont confirmé la sécurité de cette approche pour améliorer l’immunothérapie aux piqûres d’abeilles", se félicite le Dr Anthony Smith qui a participé à l’étude. Car même si une thérapie contre le venin d’abeille est déjà disponible sur le marché, il faut 50 injections sur trois ans pour construire le système immunitaire des patients, précise-t-il. Et de conclure : "Le traitement actuel pour les allergies graves aux piqûres d’abeilles est long et laborieux. J’espère donc que cette thérapie améliorée au venin d'abeille apportera une protection plus rapide, mais aussi plus durable aux allergiques".
L'adjuvant Advax, qui améliore les vaccins anti-piqûres d'abeilles, a été développé par une compagnie de biotechnologie australienne. Il a déjà été utilisé pour développer des vaccins contre la grippe saisonnière et pandémique, l'hépatite, le paludisme, Alzheimer et bien d'autres maladies encore.
Au-delà d’une vingtaine de piqûres, même les non-allergiques doivent consulter
Chez une personne non-allergique, une piqûre d’abeille est certes très douloureuse, mais elle ne représente aucun danger. Seul un oedème apparaîtra, très rapidement. Soyez toutefois très attentif en cas de piqûre au niveau de la bouche ou de la gorge, le gonflement des tissus pouvant entraîner une difficulté à respirer. Mais en règle générale, des piquent multiples sont sans risques, hors attaque démesurée comme celle dont fut victime le malheureux randonneur de Haute-Loire. Au-delà d’une vingtaine de piqûres, il vous est recommandé de consulter un médecin.
Si vous ignorez si vous ou votre enfant êtes allergique, recherchez les signes de réaction. Une personne allergique pourra, à la suite d’une piqûre, ressentir une sensation de malaise, des picotements et des étourdissement, développer des démangeaisons et une urticaire généralisées ou encore une respiration sifflante et des difficultés à respirer. Elle pourra également présenter un gonflement des lèvres et de langue ou perdre connaissance. Si vous avez ne serait-ce qu’un de ces symptômes, rendez-vous immédiatement aux urgences.
Au cas où vous auriez déjà souffert d’une réaction allergique dans le passé, il est très probable que cela survienne à nouveau lors d’une prochaine piqûre. En attendant l’arrivée sur le marché du vaccin des chercheurs australiens, gardez toujours un auto-injecteur d’épinéphrine à portée de main. Il s’agit d’un dispositif portable : il vous suffira de le presser contre votre peau pour qu’il injecte son contenu.