Une histoire d'amour digne d’un film. La semaine dernière, aux Etats-Unis, deux époux mariés pendant 71 ans sont décédés naturellement à 12 heures pile d’intervalle, rapportait mardi 16 juillet CNN qui retrace l’histoire du couple. Désespérée par la mort de son bien-aimé, la femme aurait été victime du "syndrome du coeur brisé" ou Tako-Tsubo.
Vendredi 12 juillet, à 2h20 du matin, Herbert DeLaigle décède à l’âge de 94 ans. Sa femme Marylin, 88 ans, meurt à 14h20. Ravagée par la douleur, elle a succombé à une cardiomyopathie du stress. Ce mal, plus communément connu sous le nom de "syndrome du coeur brisé" peut provoquer des symptômes proches de l’infarctus.
Quand ils se sont rencontrés, il avait 22 ans, elle 16 ans
Herbert et Marylin s'étaient rencontrés en 1947 dans un café de Waynesboro (Virginie) où la jeune fille travaillait. Il avait 22 ans, elle en avait 16. "Marilyn Frances travaillait là-bas. Je la voyais entrer, sortir et entrer, et j'avais les yeux rivés sur elle. Et puis j'ai finalement eu le courage de lui demander si elle sortirait avec moi un jour", racontait Herbert à la chaîne de télévision WRDW en juin 2018, à l’occasion de leur 70 ans de mariage.
Marylin a accepté l'invitation et Herbert l'a emmenée au cinéma. Les deux tourtereaux se sont vus pendant un an avant qu'Herbert fasse sa demande. Pendant la Seconde guerre mondiale, Marylin était partie six ans en Allemagne pour se rapprocher de son mari soldat. Après 22 ans dans l’armée américaine pour laquelle il avait combattu notamment en Corée et au Vietnam, Herbert avait finalement pris sa retraite, raconte leur nécrologie commune.
Après un choc émotionnel terrible, le coeur est bombardé par des hormones de stress
Marylin et Herbert laissent derrière eux six enfants, 16 petits-enfants, 25 arrière-petits-enfants et trois arrière-arrière-petits-enfants. Fous amoureux jusqu’au dernier jour, comme le prouve leur mort commune, les tourtereaux ont toujours fait rêver leur entourage qui écrit dans leur nécrologie : "Ils sont ensemble au paradis. Quelle histoire d'amour incroyable !" Leurs funérailles ont eu lieu lundi 15 juillet.
Aussi romanesque soit-elle, cette histoire est loin d’être un cas exceptionnel. Il arrive parfois que dans un couple ou une famille, une personne meurt de chagrin après la disparition d’un être aimé (on raconte que Théo Van Gogh serait mort de tristesse quelques mois après le suicide de son frère Vincent). D’où le nom de "syndrome du coeur brisé". Ainsi, cette expression commune peut s’interpréter littéralement. "C’est quand quelqu’un apprend une nouvelle choquante, terrible, et qu’il y a une libération massive de ces hormones de stress dans le sang, et le cœur en est alors bombardé", explique le Dr Matthew Lorber, psychiatre au Lenox Hill Hospital de New York, à CNN.
Sur son site internet, la Fédération française de cardiologie met en garde contre ce mal, évoquant un "syndrome cardio-vasculaire aigu méconnu à prendre au sérieux". Mais la mort de l’être aimé n’est pas son seul déclencheur. Une rupture peut également jouer. Car la fin d’une longue histoire entraîne des modifications importantes du quotidien, qu’il s’agisse d’un changement de résidence ou une garde alternée. Celles-ci s’accompagne souvent d’une baisse du niveau de vie et d’un stress émotionnel intense potentiellement nuisible à la santé cardiaque, surtout chez les femmes, explique la Fédération.
Les femmes plus touchées par le Tako-Tsubo
D’après une étude de l’Université de Zurich parue en 2015, le taux de mortalité de Tako-Tsubo (3,7%) serait presque aussi élevé que celui des crises cardiaques dues à un infarctus du myocarde (5,3%). Il concerne environ 2% des hospitalisations pour ce dernier. Le diagnostic est établi une fois l’infarctus écarté par l’angiographie des coronaires. Selon cette étude, le Tako-Tsubo a été déclenché dans 27,7% des cas par la perte d’un être cher ou une rupture amoureuse, des chocs souvent associés à une fatigue intense.
Les femmes en sont les premières victimes car leurs artères, plus sensibles au stress, se spasment plus facilement. Elles sont d’autant plus fragilisées après la ménopause, n’étant plus protégées par leurs oestrogènes, hormones à l’action relaxante.
Des symptômes qui évoquent ceux d'une crise cardiaque
Les artères coronaires bouchées, une grosse partie du coeur est paralysée de manière transitoire et la personne touchée pourra souffrir de troubles du rythme ventriculaire parfois graves avec menace de mort subite, d’une insuffisance cardiaque aigüe ou encore de caillots de sang dans le coeur pouvant migrer dans la circulation sanguine et provoquer d’autres accidents artériels, un AVC par exemple. Ainsi, "parmi les symptômes, beaucoup peuvent évoquer une crise cardiaque : essoufflement soudain, douleur brutale dans la poitrine, arythmie, perte de connaissance, malaise vagal", résume le professeur Claire Mounier-Vehier, Présidente de la Fédération Française de Cardiologie.