Est-il possible de détecter la maladie d’Alzheimer chez des personnes jeunes et ce, avant même que les principaux signes comme la perte de mémoire ne fassent leur apparition ?
C’est ce qu’avance une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie à Riverside, et dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue Neurobiology of Aging. Selon eux, les personnes porteuses d’une variation du gène APOE, appelée APOE4, obtiendraient un score inférieur aux tests de QI durant l'enfance et l'adolescence.
Une variation génétique comme facteur de risque
Touchant environ 900 000 personnes en France, la maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative liée à l’âge et qui affecte les fonctions cérébrales, en particulier la mémoire, l’attention et le langage.
Plusieurs études ont déjà identifié des variations du gène APOE comme un facteur de risque génétique important de la maladie d’Alzheimer. En effet, le dysfonctionnement de ce gène entraîne l’accumulation des plaques amyloïdes au sein du tissu cérébral.
L’une de ces variations génétiques, APOE4, présent dans environ 15% de la population, a particulièrement intéressé les chercheurs. Jusqu’ici, les scientifiques avaient constaté que les porteurs d’APOE4 étaient jusqu'à trois fois plus susceptibles de développer la maladie d'Alzheimer tardive, qui survient chez les personnes de 65 ans et plus. Mais ces nouveaux travaux montrent que l’APOE4 commence à se manifester avant l’âge adulte.
Un QI plus faible de 0,33 à 3 points en moyenne
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont compilé des études ayant porté sur trois ou quatre décennies, et rassemblant les données de 1 321 participants âgés de 6 ans et demi à 18 ans. Tous se sont pliés à des évaluations du QI entre l’enfance et l’adolescence.
Dans l'ensemble, les scores de QI étaient inférieurs de 1,91 point pour chaque variation APOE4 que les individus peuvent porter. Les garçons ont obtenu en moyenne 0,33 point de moins aux tests de QI et les filles presque 3 points de moins pour variation APOE4. Les traits les plus touchés étaient liés au raisonnement, ont constaté les chercheurs.
Pour les auteurs de l’étude, cette différence de QI semble minime entre les enfants présentant une variation du gène APOE4 et les autres. Mais à long terme, ces résultats peuvent signifier moins de réserves cognitives à mesure que le porteur de l'APOE4 vieillit, ce qui signifie que le désavantage intellectuel va s’amplifier.
La recherche a également montré un lien entre un QI plus faible chez l'enfant, un vieillissement biologique accru – notamment des lésions cellulaires et tissulaires - et un risque plus important de développer des maladies cardiovasculaires avant l'âge de 65 ans.
"Nos résultats suggèrent que les différences cognitives associées à l'APOE peuvent apparaître tôt et s'amplifier plus tard dans la vie », explique la Pre Chandra Reynolds, auteure principale des travaux, qui se veut toutefois rassurante. "Si c'est le cas, l'enfance représente une période clé d'intervention pour investir dans les réserves cognitives et les augmenter."