Les allergies alimentaires sont un problème de santé majeur en Occident. En Europe et en Amérique du Nord, plus de 6 millions de personnes en sont atteintes, soit 8% des enfants et 2 à 3% des adultes. Et si les allergies au lait et aux œufs ont tendance à diminuer en grandissant, dans 80 à 85% des cas, celle aux cacahuètes demeure à vie. Face au manque de médicaments pour venir à bout de ce trouble assez handicapant dans la vie quotidienne, les scientifiques multiplient les recherches sur le sujet. D’après une étude parue le 22 juillet dans le Canadian Medical Association Journal, donner des cacahuètes à son enfant dès son plus jeune âge pourrait réduire les risques d’allergies.
Les chercheurs ont suivi 460 enfants de moins de 11 mois, allergiques aux oeufs ou atteints d’une dermatite atopique modérée à sévère (maladie inflammatoire chronique de la peau). Chez les nourrissons, plus cette affliction est sévère plus le risque d’allergie à l’arachide est grand, en particulier si d’autres membres de la famille en consomment à la maison.
En donnant 2 grammes de beurre de cacahuète trois fois par semaines à une partie des enfants, les chercheurs ont remarqué que 3,2% d’entre eux finissaient par développer une allergie après cinq ans contre 17,2% des enfants qui avaient évité d’en manger.
Huit grammes de beurre d'arachide deux fois par semaine
"Pour éviter le développement de l’allergie aux cacahuètes, il est sensé d’introduire la protéine d’arachide sans danger pour les enfants (à savoir sous forme de pâte, beurre, feuilletée en poudre) comme premier aliment", notent donc les chercheurs.
Toutefois, les bébés ne souffrant pas de dermatite atopique ou en qui présentent une forme légère ne nécessitant qu’une crème de protection conviennent mieux à l'introduction de l'arachide à la maison, expliquent-ils.
Et de rappeler que : "l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis recommande de procéder à un test d'allergie (test cutané ou d'immunoglobuline E spécifique) chez les nourrissons atteints d'eczéma grave, d'allergie aux œufs ou des deux avant d'introduire l'arachide".
L’immunothérapie orale remise en cause
En France, où l’allergie aux cacahuètes est la première cause de choc anaphylactique (urgence médicale potentiellement mortelle), on recommande de refaire ces tests tous les 3 ou 4 ans afin de surveiller l’évolution de l’affliction.
De nombreux spécialistes recommandent la désensibilisation à l’allergène plutôt que de l’éviter complètement. Aussi certains se voient prescrire par leur médecin un traitement par immunothérapie orale, que ce soit sous forme sublinguale ou sous-cutanée. Toutefois, d’après une étude parue en avril dans la revue The Lancet, les résultats de cette technique sont mitigés.
"L’immunothérapie orale augmente les fréquences de chocs anaphylactiques de trois fois et double les risques de contracter des effets indésirables graves. Les réactions au niveau du tractus gastro-intestinal (vomissements, douleurs abdominales, démangeaisons à la bouche), de la peau et des muqueuses (urticaire et gonflement), du nez (congestion ou rhinite) et des poumons (respiration sifflante ou asthme) ont également augmenté chez les participants traités par immunothérapie orale", expliquaient les chercheurs.
En attendant d’y voir plus clair sur le sujet, un laboratoire français du nom de DVB Technologies travaille depuis deux ans à l’élaboration d’un patch pour désensibiliser les allergiques à l’arachide.