Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong marchait sur la Lune, devenant ainsi le premier homme à fouler le sol de l’astre nocturne. Alors que l’on vient de célébrer les 50 ans d’Apollo 11, des neurochirurgiens reviennent sur l’histoire de spationaute Michael Collins, dont une hernie discale a conditionné sa participation à la légendaire mission. Le récit a été relaté dans le Journal of neurosurgery.
Michael Collins est né le 31 octobre 1930 à Rome. Fils d’un officier de carrière de l’US Army, il intègre l’Académie militaire des Etats-Unis. Puis, en 1960, il rejoint l’école des pilotes d’essai de l’US Air Force de la base d’Edwards et décide de devenir astronaute. Six ans plus tard, il effectue son premier vol spatial à bord de Gemini 10 chargé de réaliser deux arrimages avec la fusée Agena pour un rendez-vous orbital en vue de futures missions lunaires. Pendant 1h28, l’équipage réalise deux sorties extra-véhiculaires en scaphandre dans le vide spatial. Collins devient le premier astronaute à effectuer deux sorties lors d’une même mission.
Il est ensuite affecté à la mission Apollo 8 pour piloter le module de commande. Malheureusement, à cette période, ses jambes cessent de fonctionner normalement. Craignant pour sa carrière, le spationaute décide d’ignorer ces symptômes. Mais ces derniers s’empirent vite. Collins peine de plus en plus à monter et descendre les escaliers et souffre de pertes d’équilibre. Ses jambes s’engourdissent et le picotent.
En août 1968, Collins subit une fusion cervicale antérieure
En 1962, il va enfin consulter un spécialiste. Une radio de son cou dévoile une excroissance osseuse anormale à l’arrière des 5e et 6e vertèbres cervicales. Il doit se faire opérer au plus vite. Un neurochirurgien lui propose de retirer un fragment de la partie postérieure d’une vertèbre pour soulager le canal où passe la moelle épinière. Le but étant de limiter la progression des symptômes neurologiques. Mais cette intervention aurait rendu son cou vulnérable aux contraintes subies par les pilotes d’essai.
Refusant de perdre l’un de ses meilleurs astronautes, la NASA insiste pour que Collins voit un chirurgien militaire. Il subit également une myélographie, examen radiographique qui étudie la moelle épinière et l’émergence des racines nerveuses naissant au niveau cervical. Cette radio confirme l’endommagement d’un disque intervertébral. Une excroissance osseuse compresse en effet la moelle épinière. En août 1968, Collins subit finalement une fusion cervicale antérieure. Grâce à cette intervention qui solidarise deux vertèbres au cou avec une greffe osseuse à partir de tissu osseux prélevé au niveau du bassin, l’astronaute devrait pouvoir revoler un jour.
Une semaine après l’opération, Collins sort de l’hôpital et entame un programme intensif de physiothérapie. Son avenir d’astronaute dépendant de l’état de sa colonne vertébrale cervicale, il garde son collier cervical 24h sur 24 pendant trois mois. En novembre 1968, il est enfin autorisé à retirer son collier et à revoler dans des avions d’entraînement de la Nasa.
Ecarté d’Apollo 8, Collins retrouve sa place de pilote du module de commande pour Apollo 11
En raison de ces quatre mois d’immobilisation, il ne peut pas participer à la mission Apollo 8, le premier vol habité de la fusée Saturn V lancé en décembre 68. Son rôle en tant que pilote du module de commande est pris en charge par est James Lovell, membre de l’équipage de réserve.
Les membres des équipages de réserve devenant au fil des rotations membres de l’équipe principale de missions suivantes, l’équipe de réserve d’Apollo 8 compose l’équipage d’Apollo 11. Membres de l’équipe de réserve d’Apollo 8, Neil Armstrong et Buzz Aldrin se retrouvent respectivement commandant de la mission et pilote du module lunaire. Michael Collins retrouve quant à lui sa place de pilote de Columbia, le module de commande.
Ainsi donc, en l’empêchant de voler à bord d’Apollo 8, son problème de santé lui a permis d’être désigné comme membre de l’équipage de la mission au cours de laquelle l’homme pose le pied sur la Lune pour la première fois de l’Histoire
Entre 53 et 68% des astronautes américains ont souffert du dos en mission
En raison de la rotation engendrée par l’hernie discale de Collins, James Lowell est quant à lui désigné commandant d’Apollo 13, moins réussie. En effet, suite à une explosion dans un réservoir d’oxygène du module de service, les astronautes n’ont pas pu se poser sur la Lune et ont dû se contenter de la survoler avant de rentrer en catastrophe sur Terre.
Selon une étude parue en 2010, Michael Collins n’est pas le seul de sa profession à avoir souffert d’une hernie discale. En effet, entre 53 et 68% des astronautes américains ont rapporté avoir souffert du dos lors d’une mission spatiale. Cela s’explique sans doute car l’impesanteur induit une élongation de la colonne vertébrale qui entraîne une perte de courbure du dos. La plupart des astronautes souffrant de la colonne vertébrale présentent une hernie discale de la région cervicale : une partie d’un disque intervertébral ressort et vient comprimer une racine nerveuse ou la moelle épinière.
En France, l’hernie discale est une pathologie très fréquente. Chez les 30-55 ans, 95% des sciatiques sont liées à cette affliction. Chaque année 30 000 cas sont opérés et 120 000 traités médicalement.