La perception des émotions est indispensable pour le développement affectif et cognitif et les scientifiques pensent qu’elle implique des circuits cérébraux spécifiques. Toutefois, les mécanismes en marche dans son évolution au cours de l’enfance restent encore flous. D’après une large étude menée par des chercheurs de l’Ecole de médecine de l’Université de Stanford (Etats-Unis), plusieurs circuits cérébraux identifiant les émotions sont solidifiés tôt et incluent diverses régions bien au delà de l’amygdale dont on parle toujours. Les résultats de cette recherche ont été publiés lundi 22 juillet dans le journal JNeurosci.
Des études précédentes sur le développement émotionnel avaient abouti à des résultats contradictoires en raison du faible nombre de participants. Par ailleurs, les chercheurs avaient tendance à ne s’intéresser qu’à l’amygdale, ignorant le potentiel intérêt des autres régions cérébrales.
Pour remédier à cela, Vinod Menon et ses collègues ont analysé les données cérébrales issues de la Cohorte neurodéveloppementale de Philadelphie de 1 445 individus âgés de 8 à 21 ans. Au cours des scanners, les chercheurs avaient montré aux participants des images de visages et leur demandaient de décrire leur émotion. Se sentaient-ils effrayés, en colère, heureux ou neutres en les regardant?
L'avantage des études à grande échelle
Les chercheurs ont alors identifié des zones cérébrales et des circuits impliqués dans l'identification des émotions et ont distingué les aspects des circuits cérébraux liés aux émotions qui ne bougeaient pas quand l’enfant grandissait de ceux qui évoluaient. Ils ont également identifié plusieurs circuits cérébraux selon les catégories d'émotions mais ont remarqué que ces dernières ne changeaient pas avec l’âge.
Ces résultats révèlent l’avantage du Big Data dans l'étude du développement émotionnel, avancent les chercheurs. Cela aide à expliquer les incohérences constatées lors de recherches antérieures sur des petits échantillons de population et souligne en outre la nécessité d'examiner les régions et les circuits du cerveau au-delà de l'amygdale.
Une zone cérébrale fondamentale dans la gestion des émotions
Si de nombreuses études portent sur cette région (nous possédons deux amygdales situées près de l’hippocampe, dans la partie frontale du lobe temporal), c’est parce que l’amygdale est essentielle dans notre capacité à ressentir et percevoir chez les autres certaines émotions. Mais l’amygdale est principalement liée à la peur. Quand vous avez peur et sentez votre coeur palpiter, il est probable que votre amygdale s’active. Par ailleurs, les patients dont l’amygdale a été détruite, lors d’un AVC par exemple, reconnaissent toutes les expressions d’un visage sauf celle de la peur.
Dans le passé, de nombreuses recherches tentant de comprendre le cerveau des meurtriers ont notamment découvert une activité réduite dans plusieurs zones cérébrales de ces derniers. Ces altérations se trouvent surtout au niveau du cortext préfrontal, une zone importante pour, entre autres, modérer un comportement social, et dans l’amygdale, bien sûr.