Avoir un accrochage en voiture, tomber en vélo alors que l’on porte un casque, se cogner un peu fort la tête ou encore faire une chute sur les pistes de skis… Même s’ils sont sans gravité, ces accidents peuvent marquer les personnes qui en sont victimes. En provoquant une légère commotion cérébrale, ils peuvent non seulement occasionner une perte momentanée de l’odorat, mais aussi générer des troubles anxieux. C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’Université de Montréal, au Canada, dans une étude publiée dans la revue Brain Injury.
Une perte olfactive temporaire
Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que seules les personnes souffrant d’une commotion cérébrale majeure pouvaient perdre leur odorat et développer des problèmes affectifs, comme l'anxiété et la dépression. Ces nouveaux travaux montrent que ces troubles peuvent aussi concerner les personnes victimes d’une commotion mineure.
"Beaucoup de gens peuvent souffrir d'une légère commotion cérébrale à un moment donné de leur vie, alors se rendre compte qu'ils ont de la difficulté à sentir est la première étape pour en parler à leur médecin", explique Fanny Lecuyer Giguère, auteure principale de l’étude. "Il est important que les patients signalent toute perte d'odorat, car ce n'est pas quelque chose que leur médecin généraliste ou urgentiste demande spontanément".
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont comparé 20 patients hospitalisés ayant subi une légère commotion cérébrale suite à un accident de ski à 22 patients ayant subi une fracture d'un membre sans commotion cérébrale. 24 heures après l’accident, les chercheurs leur ont demandé d’identifier des odeurs synthétiques de rose, d’ail, de clou de girofle ou encore de solvant. Ils ont alors constaté qu’un peu plus de la moitié des personnes ayant subi une légère commotion cérébrale avaient un odorat diminué, tandis que seuls 5 % des patients ayant des os fracturés présentaient ce trouble.
La persistance des symptômes d’anxiété
Un an plus tard, les patients ont répondu à un questionnaire et ont à nouveau senti des odeurs synthétiques. En comparant les résultats des deux groupes de patients le lendemain de leur blessure et 12 mois plus tard, les chercheurs ont pu déterminer que la plupart de ceux qui avaient perdu leur odorat l'avaient retrouvé dans les six mois suivant leur accident.
En revanche, les auteurs ont pu constater que les symptômes d’anxiété étaient toujours présents. 65% des victimes de commotion cérébrale mineure ont ainsi déclaré avoir des pensées qui les inquiétaient, des difficultés à se détendre et des sentiments soudains de panique.
Pour les chercheurs, il est donc nécessaire que les professionnels de santé prêtent davantage attention à ces symptômes d’anxiété et de perte de sens de l’odorat car ils indiquent la gravité de la blessure. Les médecins devraient également éduquer leurs patients afin qu'ils vérifient si des symptômes apparaissent dans les semaines qui suivent leur accident, affirme Fanny Lecuyer Giguère. "C'est une question de sensibilisation : plus on dit aux gens de surveiller les signes de perte olfactive et d'anxiété, plus il sera facile pour les médecins d’y répondre."