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QUESTION D'ACTU

Psychose

Canicule : attention à ne pas sombrer dans «l'éco-anxiété»

De plus en plus de Français ont un discours apocalyptique face au réchauffement climatique. Attention à ne pas sombrer dans la psychose, le risque étant de se refermer sur soi-même au lieu de mettre en oeuvre des actions concrètes pour faire la différence au quotidien. 

Canicule : attention à ne pas sombrer dans \ BenGoode/iStock




En hiver, les Français dépriment car ils n’ont pas assez de soleil. En été, les Français dépriment car ils ont trop chaud. Et, outre l’épuisement dont la population se plaint régulièrement en période de canicule, comme actuellement, des données de plus en plus alarmistes sur le réchauffement climatique poussent de nombreuses personnes à s’exprimer comme si l'apocalypse nous pendait au nez. 

Alors que la jeune Greta Thunberg a déclaré devant l’Assemblée nationale le 13 juillet que "nous n'avons plus que huit ans et demi avant d'avoir épuisé notre crédit carbone", de plus en plus de Français sont inquiets quant à l’avenir de la planète. D’après une étude Ifop réalisée en 2018, 85% des sondés seraient en effet "inquiets en pensant au phénomène du réchauffement climatique", 29% des sondés se disant quant à eux dit "très inquiets". Mais cette inquiétude, bien évidemment légitime, semble parfois se transformer en psychose, comme on peut notamment le voir sur les réseaux sociaux. 

Sur Facebook, le groupe La Collapso heureuse, en référence à la collapsologie, courant de recherche en plein essor sur les risques d’effondrement de nos sociétés thermo-industrielles, donne des conseils pour "porter un regard apaisé sur les changements à l’œuvre" et compte pas moins de 16 700 membres. Sur Twitter, quand on tape #écologie, on tombe sur une série de messages plus alarmistes les uns que les autres. "Que cette civilisation qui veut tout et son contraire (par ex. les rallyes auto/moto et l'écologie) soit vouée à disparaître, je veux bien le croire...Mais si la fin du monde est si proche que ça (~ 20 ans) il faut arrêter tout de suite de faire des enfants !", note un internaute. "La planète nous envoie des signaux avec toutes ces canicules, incendies, pic de froids, catastrophes naturelles, extinctions animaux et pourtant personne n'essaie de changer, nous sommes peu à l'échelle du monde à nous battre alors que la fin du monde a déjà commencé" , s’insurge un autre. 

Une peur liée à un sentiment d'impuissance 

"Le climat suscite à mon sens une peur inédite : elle est la première à prendre une dimension planétaire. On peut certes faire une analogie avec l’angoisse suscitée par l’apocalypse nucléaire, engendrée par les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945. L’essayiste autrichien Günther Anders (1902-1992) a été l’un de ceux qui ont ­théorisé ce risque et il était clair pour lui que cette menace était la première qui pesait sur l’ensemble de l’humanité. Mais si on regarde de plus près, cette peur a surtout touché le monde occidental. En ­revanche, aujourd’hui, la peur du ­réchauffement climatique est beaucoup plus largement partagée", explique Frédéric Le Blay, coordinateur scientifique du programme de recherche interdisciplinaire Atlantys, Penser la fin du monde : imaginaire et expérience de la catastrophe, au Monde.

Toutefois, pour Charline Schmerber, praticienne en psychothérapie spécialisée dans l’"éco-anxiété" (néologisme qui désigne une forme de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux, comme l'exploitation minière ou le changement climatique), cette dernière ne peut pas encore être qualifiée de phénomène. "Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour parler de maladie", explique-t-elle au Figaro. Elle alerte cependant: "Mais cela peut tout à fait devenir pathologique si on ne va pas chercher du soutien". 

Mais qu’il s’agisse d’une pathologie ou non, "ce sujet attire un public de plus en plus vaste ", commente Catherine Larrère, philosophe spécialiste de l’éthique de l’environnement, auprès du Figaro. Ce "tournant" dans la conscience écologique "était inimaginable quelques années auparavant (…) Cette peur est selon moi liée à un sentiment d’impuissance. Les premières prises de conscience environnementales à l’échelle mondiale ont émergé dans les années 1970. Depuis, rien n’a bougé", déclare-t-elle. 

Agir au lieu de se refermer sur soi-même

Le problème n’est pas de s’intéresser à l’avenir de la planète, bien au contraire, mais de se mettre à avoir peur de tout et à se refermer sur soi-même. Alors que de plus en plus de jeunes déclarent ne pas vouloir faire des enfants dans "un monde si abîmé", la philosophe déplore le "catastrophisme" de nombreuses personnes. "Les "théories de l’effondrement" s’adressent individuellement aux lecteurs. Plutôt que les orienter vers des actions collectives, elles les poussent à se recroqueviller sur eux-mêmes", dénonce-t-elle. "Il ne faut pas faire l’erreur de traiter l’écologie comme un problème psychologique. Le catastrophisme n’a jamais évité la catastrophe", met-elle en garde. 

Aussi, si l’avenir de la planète vous angoisse lourdement, agissez au lieu de sombrer dans un tourbillon de pensées anxiogènes. Rejoignez des groupes de parole, profitez des vacances d’été pour nettoyer les plages, créez du compost de quartier ou rejoignez une association pour planter des arbres dans les pays du Sud afin de générer la biodiversité et de venir en aide aux populations forestières menacées. "Mes enfants sont témoins d'un monde qui change, d'initiatives alternatives et d'expériences de nouvelles organisations collectives", se félicitait notamment Virgine Maris, chargée de recherche CNRS, Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive sur France Inter il y a quelques mois. 

Les bons réflexes à adopter au quotidien 

Au quotidien, de nombreux petits gestes peuvent également faire la différence. Une récente étude a prouvé que se sécher les mains au sèche-main életectrique était plus écologique que d’utiliser du papier. Pour ceux qui le peuvent, l’Anses conseille dans son dernier rapport de marcher, de faire du vélo ou de prendre les transports en commun autant que possible afin de diminuer le traffic routier, principal responsable de l’augmentation de la pollution.

Au niveau du logement, pour réduire son impact environnemental, on peut diminuer un peu la température de chauffage et mettre un pull, réguler sa consommation d’eau quotidienne, passer aux ampoules à basse consommation ou encore aux thermostat permettant de réguler la température par pièce. Il peut aussi être très rentable, tant sur le plan économique sur le plan écologique, de faire rénover son logement afin de renforcer l’isolation, que cela passe par le remplacement des fenêtres, l’isolation des combles  la mise en place d’un insert au lieu d’une cheminée.

Enfin, vous pouvez également changer votre consommation alimentaire en réduisant la part de la viande et des produits laitiers. Car en France, environ 22% de nos émissions de CO2 proviennent de notre nourriture. Dans le détail, les produits laitiers représentent 28% des émissions de gaz à effet de serre de notre alimentation et la viande 30%. 

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