C’est une révolution dans la prévention du sida : la PrEP, pour prophylaxie pré-exposition, est un médicament préventif pour les personnes à risque. Disponible depuis 2016 en France, le traitement a été testé en conditions réelles par une équipe de recherche. Leurs résultats ont été rendus publics cette semaine : la PrEP serait efficace dans presque 100% des cas.
Deux infections au cours de l’étude
La 10e conférence mondiale sur l’infection à VIH a eu lieu du 21 au 24 juillet à Mexico. À cette occasion, l’équipe de recherche, menée par le Pr Jean-Michel Molina de l’Hôpital Saint-Louis a présenté les résultas de l’étude ANRS Prévenir. Débutée en mai 2017, elle a permis de suivre plus de 3 000 hommes séronégatifs, français et canadiens. Tous avaient des comportements sexuels dits à risque. Deux choix ont été proposés aux participants : prendre le médicament tous les jours ou seulement avant et après les rapports sexuels.
Les chercheurs ont enregistré 0,09 nouvelles contaminations pour 100 personnes : au cours de l’étude, seules 2 personnes ont infectées par le VIH, elles avaient arrêté le traitement entre sept et dix semaines avant l’infection. La PrEP serait également bien tolérée par les patients. Trois personnes ont du arrêter de prendre le médicament à cause de troubles digestifs.
Un médicament prometteur
Ces résultats ont été salués par l’Organisation mondiale de la santé, qui a mis à jour ses recommandations. La PrEP y est désormais intégrée dans le cadre de prévention du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.
Pour Aurélien Beaucamp, président de l’association Aides, interrogé par Europe 1, ces résultats montrent que la PrEP est une "avance majeure". "Il faut qu’il y ait davantage de personnes sous PrEP, explique-t-il. Aujourd’hui on est à 15 000 personnes sous PrEP en France, et les modèles théoriques montrent que c’est à partir de 45 000 personnes que l’on pourra avoir un effet durable."
Un traitement pris en charge par l’Assurance maladie
Toute personne prenant la PrEP est suivie médicalement et des dépistages sont réalisés fréquemment. Le médicament et ses génériques sont pris en charge par l’Assurance maladie. Son développement pourrait permettre de réduire le nombre de nouveaux cas de séropositivité. En France, environ 6 000 personnes seraient infectées par le VIH chaque année.