L’obésité progresse dans le monde entier. Entre 1975 et 2016, les taux de cette maladie chez les enfants et les adolescents du monde entier sont passés de moins de 1% (5 millions de filles et 6 millions de garçons) à près de 6% chez les filles (50 millions) et près de 8% chez les garçons (74 millions). Et d’après une étude parue jeudi 25 juillet dans le Journal of the Endocrine Society, si des facteurs tels que la sédentarité et la malbouffe jouent bien un rôle dans l’augmentation de l’obésité infantile, l’exposition aux produits chimiques présents dans de nombreux plastiques pourrait également être en cause.
Le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF) sont des produits manufacturés utilisés dans certaines sortes de plastiques, les canettes en aluminium, les tickets de caisse ou les étiquettes alimentaires. Ils sont utilisés pour remplacer le bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien très nocif pour la santé humaine interdit depuis 2015 en France.
Dans cette étude, des chercheurs de l’Ecole de médecine de New York ont utilisé des données issues de sondages sur la santé nationale américaine et sur la nutrition pour déterminer les liens entre le BPA, le BPS, le BPF et la masse corporelle chez des enfants et ados âgés de 6 à 19 ans. Ils ont alors remarqué que les jeunes présentant les taux les plus importants de BPS et de BPF dans leurs urines étaient plus susceptibles d’être obèses que ceux avec de plus faibles niveaux.
"L’utilisation du BPS et BPF est croissante"
"Cette recherche est importante parce que l’exposition à ces produits chimiques est très commune aux Etats-Unis. L’utilisation du BPS et du BPF est croissante car les manufacturiers remplacent le BPA avec ces produits chimiques donc ça contribue à la fréquence de l’exposition", s’inquiète Mélanie Jacobson, auteur de l’étude.
"Bien que le régime et l’exercice soient toujours compris dans les facteurs principaux d’obésité, la recherche suggère que l’exposition commune aux produits chimiques pourrait aussi jouer un rôle, surtout chez les enfants", développe-t-elle.
Et de poursuivre : "dans une étude précédente, nous avions découvert que le BPA, le produit chimique qui précédait le BPS et le BPF, était associé à une augmentation de la prévalence de l’obésité chez les enfants américains, et cette étude a découvert la même tendance avec les nouvelles versions de ce produit chimique". Ainsi, "remplacer le BPA par des produits chimiques similaires ne réduit en rien le mal de l’exposition chimique sur notre santé", conclut Jacobson.
En France, 3,5% d’enfants obèses en grande section de maternelle
Il y a quelques jours, des chercheurs toulousains ont fait beaucoup de bruit en démontrant que le bisphénol S pourrait lui avoir des conséquences sur l’activité hormonale. "Le remplacement du BPA par le BPS pourrait conduire à augmenter l'exposition de l'homme à un composé hormonalement actif", expliquaient ainsi les chercheurs.
L’obésité infantile est un sujet de préoccupation partout dans le monde. En France, malgré une stabilisation depuis quelques années, la prévalence du surpoids et de l’obésité reste inquiétante. En 2013, 12% des enfants de grande section de maternelle étaient en surcharge pondérale et 3,5% étaient obèses. Ces chiffres augmentent souvent avec l’âge pour atteindre près de 18% d’enfants en surcharge pondérale en CM2 et près de 4% obèses. Qui plus est, parmi les enfants en surcharge pondérale ou obèses à l'âge de 6 ans, près de un sur deux l’est encore en classe de troisième.
Rappelons que les adultes ayant un IMC supérieur à 40 sont respectivement 12 et 22 fois plus susceptibles de développer un diabète de type 2 et de souffrir d'apnée du sommeil. Même pour les obésités plus légères (IMC de 30 à 34,9), les patients courent 70% plus de risques de développer une insuffisance cardiaque. L’obésité serait également à l’origine de cancers (du foie, du sein, du pancréas...) et présenterait des risques de dépression et de dégradation de la vie sexuelle.