Lorsque les amygdales sont trop grosses, ces barrières naturelles prévues contre les bactéries peuvent alors obstruer les voies respiratoires. La nuit, chez l’enfant, cette situation provoque des ronflements accompagnés de pauses respiratoires, un sommeil de mauvaise qualité, parfois très agité avec des sueurs… Les médecins diagnostiquent alors un syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS). Entre 1 à 3 % des enfants seraient concernés en France par cette pathologie.
Deux stratégies sont possibles : l’opération chirurgicale ou une surveillance médicale. Une équipe de chercheurs américains a comparé dans différents services ORL leur efficacité chez 460 enfants âgés de 5 à 9 ans, diagnostiqués avec un SAOS modéré. « Les enfants ont été évalués complètement à l’inclusion dans l’étude : qualité du sommeil mesurée avec des enregistrements polysomnographiques, évaluation du comportement et de l’attention, qualité de vie, capacités neurocognitives… Puis, tous ces tests ont été à nouveau
réalisés sept mois après l’intervention chirurgicale ou après un simple suivi médical », explique le docteur Nicolas Leboulanger, ORL à l’hôpital Necker Enfants-Malades à Paris. Résultats : le sommeil est redevenu normal chez 80 % des enfants ayant eu une adénomygdalectomie, contre 46 % des enfants non opérés. « Cette étude est vraiment intéressante puisque si nous avions tous l’impression clinique que le fait d’enlever les amygdales et les végétations apportait un bénéfice à l’enfants cela n’avait jamais été prouvé de manière bien précise », déclare le praticien de l’hôpital Necker. Cependant, il faut noter que les auteurs ne constatent aucun changement sur le plan des capacités neurocognitives quelle que soit la stratégie adoptée.
Ecouter le Dr Nicolas Leboulanger, ORL à l’hôpital Necker Enfants-Malades à Paris. « La qualité du sommeil, la qualité de vie, et les évaluations comportementales faites notamment par les enseignants étaient significativement améliorés dans le groupe d’enfants ayant eu une adénomygdalectomie. »
Comme toute opération chirurgicale, l’ablation des amygdales et des végétations n’est pas anodine, avec notamment un risque d’hémorragie de près de 1%. Le risque est au plus haut dans les 6 heures qui suivent l'intervention et les patients restent sous surveillance accrue pendant cette période. Ils peuvent ensuite rentrer chez eux, mais l'équipe médicale s'assurera que la famille et l'entourage de l'enfant ont bien compris les précautions à prendre pour éviter les saignements pendant toute la période de cicatrisation, notamment autour du deuxième pic de risque, entre le 6e et le 10e jour après l'opération. « Chez un enfant sans autre problème de santé, les risques sont faibles, surtout s’il est opéré dans un centre habilité avec des opérateurs entraînés », souligne le Dr Boulanger.
Ecouter le Dr Nicolas Leboulanger. « Dans l’étude, les auteurs notent deux cas d’hémorragie chez les enfants opérés mais globalement ces enfants n’ont pas eu plus de complications que les enfants non opérés. »
Passer à côté d’un syndrome d’apnée obstructive du sommeil chez l’enfant n’est pas non plus anodin. Au quotidien, ce sont des réveils difficiles, des enfants fatigués dans la journée, irritables qui peuvent souffrir de troubles de l'attention. D’après une autre étude américaine, les jeunes souffrant de SAOS persistant auraient trois à sept fois plus de problèmes d'apprentissage que les autres. La fatigue peut aussi les pousser à moins s'alimenter, surtout si les amygdales gênent parfois la déglutition, provoquant parfois un retard de croissance. Et à plus long terme, un SAOS peut augmenter le risque de problèmes cardiovasculaires.
Ecouter le Dr Nicolas Leboulanger.« A plus long terme, pour les formes de SAOS les plus sévères, il peut y avoir des complications cardiovasculaires ou métaboliques. »