Dans le monde, environ une naissance sur cent est touchée par le trouble du spectre de l’autisme (TSA). Les personnes qui en sont atteintes souffrent de limites au niveau de la communication sociale et de comportements stéréotypés et répétitifs qui varient grandement d’un malade à l’autre. Une étude parue dans la revue Molecular Psychiatry nous en apprend aujourd’hui un peu plus sur les origines de cette affliction complexe. D’après les chercheurs, les enfants ayant été exposés à de forts niveaux d’œstrogènes dans l’utérus seraient plus susceptibles d’être atteints d’autisme en grandissant. Ces résultats apportent de nouvelles preuves à la théorie des hormones stéroïdiennes prénatales de l'autisme exposée pour la première fois il y a 20 ans.
En 2015, une équipe de scientifiques de l’Université de Cambridge et d’Institut d’Etat Serum au Danemark ont démontré que les niveaux d’androgènes, hormones stéroïdiennes telles que la testostérone favorisant le développement sexuel des mâles, étaient plus importants au stade fœtal chez les enfants qui devaient plus tard développer de l’autisme.
A partir de ces résultats, les mêmes scientifiques ont testé des échantillons de liquide amniotique prélevés dans la Biobanque du Danemark. Mais ils se sont, cette fois, intéressés à un autre ensemble d’hormones stéroïdiennes prénatales, les œstrogènes, naturellement sécrétées par les ovaires.
Les hormones sexuelles interagiraient avec des facteurs génétiques
Ils ont alors découvert que le lien entre les taux élevés d'œstrogènes avant la naissance et probabilité d'autisme était encore plus important que celui observé en 2015 avec les androgènes. Contrairement à la croyance populaire qui associe les œstrogènes à la féminité, les œstrogènes prénataux ont des effets sur la croissance du cerveau et masculinisent également celui-ci chez de nombreux mammifères, notent les chercheurs.
"Cette nouvelle donnée appuie l'idée que l'augmentation des hormones stéroïdes sexuelles prénatales est l'une des causes possibles de l'autisme. La génétique en est une autre et ces hormones interagissent probablement avec des facteurs génétiques qui affectent le développement du cerveau fœtal", explique le professeur Simon Baron-Cohen, directeur du Centre de recherche sur l'autisme de l'Université de Cambridge et auteur principal de l'étude.
"Ces hormones élevées pourraient provenir de la mère, du bébé ou du placenta. Notre prochaine démarche sera d'étudier toutes les sources possibles ainsi que leur interaction pendant la grossesse", précise Alex Tsompanidis, un doctorant de Cambridge ayant participé à l’étude.
"Nous nous sommes intéressés à comprendre l'autisme et non à le prévenir"
"Cette découverte est passionnante car le rôle des œstrogènes dans l'autisme n'a guère été étudié, et nous espérons en apprendre davantage sur la manière dont ils contribuent au développement du cerveau fœtal dans le cadre d'expériences ultérieures", commente sa collègue Alexa Poh.
Toutefois, ces résultats ne peuvent en rien être utilisés pour dépister l’autisme. "Nous nous sommes intéressés à comprendre l'autisme et non à le prévenir", prévient le professeur Baron-Cohen.
En France, selon l’Inserm, environ 700 000 personnes sont atteintes de TSA, dont 100 000 âgées de moins de 20 ans.