Alors que la France comptait 2,5 millions de seniors dépendants en 2015, elle pourrait en recenser 4 millions en 2050 "si les tendances démographiques et l’amélioration de l’état de santé se poursuivaient". Soit une hausse de 60% en 35 ans.
C’est ce qu’estime l’Insee dans une étude parue jeudi 25 juillet. Selon l’institut national de la statistique, cette augmentation des seniors en perte d’autonomie "serait due à l’arrivée des baby boomers aux grands âges." L’amélioration de l’état de santé moyen à chaque âge ne compenserait pas l’effet de structure de l’arrivée aux grands âges des baby boomers", poursuivent les auteurs de l’étude. D’après leurs projections, les seniors en perte d’autonomie représenteraient 16,4% des personnes de 60 ans et plus en 2050, soit 1% de plus qu’en 2015.
Pour l’Insee, un individu est considéré comme étant en perte d’autonomie lorsqu’il n’est plus capable de se déplacer, de s’habiller, de faire sa toilette seul ou s’il est contraint de tenir le lit ou le fauteuil.
L’étude de l’Insee montre également l’existence de fortes disparités entre les régions. Ainsi, les taux de prévalence de la perte d’autonomie augmenteraient fortement dans les DOM et dans le Sud-Est de la France, en raison des effets de structure démographique, alors qu’ils resteraient stables dans les Hauts-de-Seine ou dans la Creuse.
Un manque important de places en Ehpad
L’augmentation du nombre de personnes dépendantes dans les années à venir va constituer un défi : comment leur apporter les soins nécessaires et ouvrir un nombre suffisant de places en établissement de santé ?
En effet, parmi les 2,5 millions de personnes en perte d’autonomie en 2015, seules 22% vivaient en Ehpad. Dans sa projection, l’Insee estime que la répartition de la prise en charge entre domicile et établissement de soins ne va pas varier. "À l’avenir, en considérant que la répartition de la prise en charge entre domicile et établissement resterait la même pour un âge et un degré de perte d’autonomie donnés dans les départements, le nombre de personnes hébergées de façon permanente en établissement, qui est d’environ 600 000 en 2015, s’accroîtrait de 0,8 % par an en moyenne jusqu’en 2021, puis entre 1,5 % et 2,0 % par an de 2023 à 2040. Il dépasserait les 700 000 en 2030, soit + 20 %, et s’élèverait à 900 000 en 2045, soit une augmentation de plus de 50 % entre 2015 et 2045", écrivent les auteurs de l’étude.
Selon ces derniers, la France devra donc choisir "entre ouvrir massivement des places en EHPAD et modifier le partage de la prise en charge entre domicile et établissement, évolution qui rejoindrait l’objectif affiché des politiques publiques de favoriser le maintien à domicile".