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A échelle mondiale

Cancer chez l'enfant : 11,5 millions d’années de vie en bonne santé perdues en 2017

Par Raphaëlle de Tappie

A échelle mondiale, 11,5 millions d’années de vie en bonne santé ont été perdues en 2017 à cause d’un cancer chez un enfant ou un adolescent.

KatarzynaBialasiewicz/iStock

Le cancer constitue la deuxième cause de décès dans le monde. Pour la première fois, des chercheurs se sont penchés sur les années de vie "normales" perdues chez les jeunes malades de cancers. Résultat : en 2017, 11,5 millions d’années de vie en bonne santé ont été perdues à cause d’un cancer chez un enfant ou un adolescent, dévoile l’étude parue le 29 juillet dans The Lancet Oncology Journal. Dans 97,3% des cas en raison d’une mort précoce et dans 2,7% à cause d’un handicap entraîné par la maladie.

Pour en arriver à cette terrible conclusion, le Dr Lisa Force de l’Hôpital St Jude sur la recherche pour les enfants (Etats-Unis) et son équipe ont évalué le fardeau du cancer chez les enfants et les adolescents dans 195 pays en 2017.

"Alors que le nombre de cas de cancers chez les enfants et les adolescents (0 à 19 ans) est relativement faible- 416 500 globalement en 2017-, le traitement relatif à la maladie, les handicaps causés par cette dernière et les cancers létaux provoquent la perte d’environ 11,5 millions d’années de vie en bonne santé chaque année à travers le monde. En présentant le fardeau global du cancer des enfants à travers la fenêtre des années de vie affectées, nous avons constaté que le cancer chez les enfants entraînait une charge de morbidité importante malgré un nombre absolu relativement faible d'incidents et de décès", expliquent les chercheurs.  

Les enfants des pays les plus pauvres représentent 82% du taux global

Dans le détail, les moins de 4 ans comptaient pour 47% du fardeau total du cancer chez les enfants avec 4,3 millions d’années de vie affectées par la maladie. La leucémie et le cancer sang arrivent en tête des cancers touchant les enfants (34%). S’en suivent les cancers du cerveau et du système nerveux (18% chez les 0-14 ans) et les cancers des testicules, des ovaires et de la thyroïde (19% chez les 15-19 ans).

Et alors qu’en 2017, le cancer arrivait en quatrième place dans les maladies affectant gravement la qualité de vie des enfants dans les pays riches, dans les pays pauvres, il occupait la première place. Sans surprise, dans les pays à faible et moyen critères sociaux économiques, les enfants ont quatre fois plus de risques de mourir du cancer que dans un pays riche. Qui plus est, les jeunes des pays les plus pauvres doivent affronter un taux de cancer affreusement élevé puisqu’il représente 82% du taux global. Soit l’équivalent de presque 9,5 millions de vie en bonne santé perdues en 2017.

L’Inde, la Chine, le Nigeria, le Pakistan et l’Indonésie doivent faire face au plus large taux du cancer des jeunes parmi les pays comptant le plus d’enfants.  

Un diagnostic trop tardif dans les pays les plus pauvres  

"Les enfants atteints de cancer qui vivent dans des pays aux revenus élevés ont de bons résultats : environ 80% d'entre eux survivent cinq ans après leur diagnostic. Cependant, plus de 90% des enfants à risque de développer un cancer infantile chaque année vivent dans des pays aux faibles revenus. Considérée par beaucoup comme l'une des avancées majeures de la science moderne, l'amélioration des résultats chez les enfants atteints de cancer constatée dans les pays riches au cours des dernières décennies ne s'est pas traduite pour la plupart des pays pauvres, où les données existantes suggèrent qu'il y a beaucoup moins d'enfants qui survivent", s’inquiètent les chercheurs qui tirent la sonnette d’alarme quant aux diagnostics trop tardifs dans les pays les plus vulnérables.  

"La collecte de données de qualité et la notification standardisée sont des étapes cruciales pour une meilleure offre de soins aux enfants atteints de cancer dans les pays à faibles revenus. La collecte de données nationales sur le cancer chez l’enfant peut guider les investissements dans la formation de spécialistes pour assurer des diagnostics plus précoces, fournir un accès équitable aux médicaments, réduire le nombre de décès et améliorer les soins aux survivants et la qualité de vie", insistent les rédacteurs de la revue The Lancet Child & Adolescent Health dans un éditorial.

Et d’appeler les politiques à utiliser ces données pour "déterminer le moyen le plus efficace de dépenser des ressources limitées et d'identifier les décisions de stratégie de contrôle du cancer à fort impact".

 

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