Le diagnostic d’un cancer bouleverse une vie. Des chercheurs suédois ont étudié les conséquences psychologiques du stress sur la santé des patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus. Dans la revue Cancer Research, ils constatent que les troubles psychologiques, comme l’anxiété ou la dépression, augmentent le risque de décès.
"Les patients diagnostiqués d’un cancer ont un risque plus élevé de souffrir de certaines troubles psychiatriques liés au stress comme la dépression ou l’anxiété, explique Donghao Lu, co-auteur de cette recherche. Plusieurs preuves venant d’études expérimentales et épidémiologiques montrent que la détresse psychologique peut avoir un impact sur la progression de nombreux cancers."
Un risque de décès 33 % plus élevé
Les chercheurs ont rassemblé les données de plus de 4 200 patientes diagnostiquées d’un cancer du col de l’utérus en Suède entre le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2011. Dans la recherche, le stress lié à des événements externes à la maladie, comme le décès d’un proche, des problèmes professionnels ou un divorce, ont été également pris en compte. Au total, 1 797 patientes souffraient d'anxiété : elles avaient 33 % de risques en plus de décéder des suites de leur cancer en comparaison à celles qui n’en ont pas souffert.
Les chercheurs ont ensuite comparé les données en fonction des causes du stress : les patientes souffrant de troubles liés au stress, sans cause autre que la maladie, avaient un risque 55 % plus élevé de décéder de leur cancer, pour celles qui étaient stressées suite à un événement externe, le risque était supérieur de 20%, en comparaison aux autres femmes. D’après les chercheurs, le risque de décès associés à l’anxiété et à la dépression n’est pas corrélé à la typologie de la tumeur ou type de traitement. Sur l’ensemble des patientes, 1 005 sont décédées des suites de leur cancer.
Mieux accompagner les patientes
Plusieurs hypothèses ont été avancées en conclusion de l’étude, les scientifiques supposent notamment que les femmes atteintes de stress ont plus de risques de ne pas vouloir suivre de traitement. D’autres études avaient déjà mis en lumière le fait que le stress chronique réduise la réponse immunitaire. "Nos résultats encouragent les oncologues ou les gynécologues à évaluer l’état psychiatrique de leurs patientes souffrant d’un cancer du col de l’utérus", souligne Karin Sundström, co-auteure de la recherche.
Le stress a des effets importants sur la santé : il peut provoquer des poussées d’acné, augmenter le risque d’hypertension ou exposer les femmes à un plus grand risque de fausse couche. En mars dernier, des chercheurs ont publié les résultats d’une étude sur les liens entre stress et cancer du sein triple négatif. Ils constatent que l’anxiété diminue l’efficacité des traitements. Le cancer du sein est à l’origine de plus de 10 000 décès en France chaque année et environ mille femmes décèdent des suites d’un cancer du col de l’utérus.