Plus de 376 millions d'individus contractent une infection sexuellement transmissible chaque année à travers le monde, ce qui représente plus d’un million de personnes par jour. Et, en période estivale, où les gens sont globalement plus actifs sexuellement, la propagation de MST explose. "Nous avons observé une hausse de +24,7 % des prescriptions de traitements contre les IST entre l’hiver 2017 et l’été 2018", explique-t-on notamment chez Zava, expert européen de la téléconsultation pour la santé intime.
Et si de nombreuses personnes s’estiment hors de danger car elles utilisent des préservatifs lors de la pénétration, rappelons que de nombreuses maladies s’attrapent par un simple frottement des muqueuses ou par la salive. En effet, la bouche est un organe sexuel à part entière, rappelle l’Association dentaire française. Ci-dessous la liste des infections que vous pouvez contracter sans pénétration.
Le VIH
Si le risque d’attraper le sida par le sexe oral est très faible, il existe cependant. D’après une étude, parmi 102 séroconversions dans une communauté homosexuelle, 7,8% ont été attribuées à un rapport génito-oral non protégé. La personne donnant la fellation encourt plus de risque que son partenaire en raison de possibles ulcères buccaux ou autres gingivites. Chez les hétérosexuels le risque est toutefois quasiment inexistant.
L’herpès
Une personne ayant une relation de sexe oral sur une autre porteuse du virus peut être contaminée au niveau de la bouche. De même, une personne porteuse du virus de l’herpès labial peut le transmettre à son partenaire qui peut alors contracter de l’herpès génital (10 à 30% des cas d’herpès génital sont causés par un herpès labial). Quel que soit le mode de transmission, la première crise est toujours la plus intense puisqu’outre les cloques, les pertes vaginales et l’inflammation des parties génitales, elle s’accompagne d’un état grippal avec des courbatures, des maux de tête et de la fièvre.
On parle de première "crise" car, malheureusement, ce virus qui touche deux personnes sur dix en France reste à vie et peut refaire surface plusieurs semaines ou plusieurs années après. "Le stress, la fatigue, une infection ou un changement hormonal, par exemple pendant les règles, sont des facteurs qui favorisent de nouvelles poussées (…) Les poussées peuvent se déclencher tous les mois, tous les six mois ou tous les cinq ans", explique le Dr Marc Perrussel, dermatologue vénérologue, au Figaro.
Aussi, si vous êtes en crise, abstenez-vous de tout baiser (dans le cas d'herpès labial) ou rapport sexuel : un simple contact de peau à peau, même sans pénétration, peut suffir à transmettre ce virus extrêmement contagieux. Et si vous êtes en couple et n’utilisez plus de préservatif, prévenez votre partenaire de votre condition.
Le papillomavirus humain (HPV)
Si la plupart des types de HPV sont bénins et à l’origine de verrues génitales, certains peuvent toutefois entraîner un cancer du col de l’utérus ou oro-pharyngé. Plusieurs études ont également établi un lien entre les pratiques de sexe oral et le cancer de la gorge. Pour éviter le moindre risque, le plus sûr reste encore de se faire vacciner. Un frottis est également recommandé aux femmes tous les trois ans afin de détecter d’éventuelles lésions pré-cancéreuses ou cancéreuses.
L’hépatite B
L'hépatite B est une infection virale qui s'attaque au foie. Le virus se transmet par contact avec le sang ou lors de rapports sexuels, relations orales comprises. Plus de 250 millions de personnes souffrent d'une infection chronique par le virus de l'hépatite B et cette dernière entraînerait environ 780 000 morts par an.
L’infection débute par une période d’incubation silencieuse d’environ deux mois. Après quoi, le malade pourra parfois souffrir d’une douleur au foie, d’anorexie, de nausées et de vomissements, d’une fatigue extrême ou d’une jaunisse de la peau et des yeux. Dans de rares cas, cela peut dégénérer : on parle d'hépatite fulminante. Celle-ci nécessite souvent une greffe de foie et est mortelle dans 90% des cas.
Afin de prévenir de tout risque, il existe des vaccins très efficaces contre l’hépatite B assurant une immunité durable. Un rappel doit être effectué tous les dix ans.
La syphilis
Alors qu’elle avait presque disparue, la maladie de l’amour des poètes maudits du 19ème fait son grand retour en Europe, notamment en raison de l'augmentation du tourisme sexuel. Treponema pallidum, l’agent responsable de la syphilis, est une bactérie extrêmement contagieuse : 50% des contacts muqueux peuvent la transmettre. Le chancre, manifestation primaire de cette maladie potentiellement mortelle, peut se retrouver partout dans la sphère buccale mais principalement sur les lèvres, le palais, la langue et les amygdales. Il apparaît également de manière indolore sur l’appareil génital de l’homme mais peut disparaître très rapidement tout en continuant d’évoluer. Ainsi, de nombreux garçons ignorent être infectés, ce qui favorise la propagation de la maladie.
Au bout du deuxième ou troisième mois, de petites tâches rosées peuvent apparaître sur le torse, laissant parfois des séquelles. On parle alors du fameux "collier de Vénus". Juste après peut survenir une alopécie en "clairière" derrière les oreilles. Quand la syphilis est récente (moins d’un an), une injection de pénicilline suffit à la faire disparaître. Dans le cas contraire, il en faudra au moins trois pour en venir à bout.
La gonorrhée ou blennorragie gonococcique
Avec environ 15 000 cas diagnostiqués en 2014, cette infection transmissible par la salive est la plus observée dans les cabinets d’urologie. "Dans ma pratique, je vois beaucoup de gonococcies transmises par fellation", témoigne le Dr Gérard Cariou, urologue, auprès de LCI. Les premiers symptômes peuvent apparaître entre deux et sept jours après la contamination. Les hommes ressentiront une sensation de brûlure au moment d’uriner, d’où le surnom de "chaude pisse" pour décrire la maladie. En revanche, les dames présentent peu de symptômes. La blennorragie peut se manifester par une légère irritation de la vulve, des écoulements vaginaux ou des signes urinaires se rapprochant de la cystite. Le plus souvent, elle se guérit par un antibiotique du nom de ceftriaxone, transmis en injection.
La chlamydiose
Cette maladie peut-elle aussi se contracter par des rapports bucaux-génitaux non protégés. Très fréquente chez les 16-24 ans, elle est redoutable car souvent silencieuse. Il arrive toutefois parfois que certains symptômes apparaissent entre une semaine et deux mois après la contamination. Le malade ressentira alors des brûlures au moment d’uriner. Cette IST se soigne très bien par antibiotiques (azythromicine ou doxycycline). Mais non traitée à temps, elle peut provoquer une inflammation des trompes, les obstruer et à terme entraîner une infertilité.
Le virus Zika
En 2016, une jeune Française a été infectée après avoir pratiqué des fellations à son compagnon de retour d’un voyage au Brésil. Ainsi, ce virus que l’on attrape par une piqûre moustique pourrait être transmis par sexe oral.