ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Déremboursement de l'homéopathie : la colère du fabricant Lehning

Eventuel recours

Déremboursement de l'homéopathie : la colère du fabricant Lehning

Par Raphaëlle de Tappie

Trois semaines après l’annonce du déremboursement de l’homéopathie d’ici 2021, un leader du secteur dénonce cette mesure et envisage de déposer un recours. 

LuCaAr/iStock

"Les Français les moins bien lotis vont en pâtir". Trois semaines après l’annonce du déremboursement de l’homéopathie d’ici 2021, Stéphane Lehning, président des laboratoires du même nom, troisième acteur du secteur en France, exprime son mécontentement face à cette décision et annonce étudier les recours à sa disposition. 

"Nous dénonçons la prise de position du gouvernement et la non-prise en compte de l’efficacité de l’homéopathie. Des milliers de Français ont confiance en ces traitements. Le déremboursement pose un problème d’accessibilité", dénonce-il dans un article paru dans le Républicain Lorrain ce jeudi 1er août. 

Lehning se veut toutefois rassurant quant à l’avenir de son entreprise. Car "ce déremboursement touche moins de cinq pour cent de notre activité. À cette phase de déremboursement, il n’y aura aucun allègement d’effectif. Nous allons pérenniser l’activité", assure-t-il alors que 330 personnes travaillent pour son groupe, dont 26 au sein de la filiale spécialisée dans la production des tubes de granules Rocal.

Un éventuel recours 

"Les emplois seront conservés. Nous avons modernisé l'entreprise ces dernières années. Aujourd'hui nous sommes sereins sur l'avenir de l'entreprise et du chiffre d'affaires", précise-t-il auprès de France Bleu Moselle. Ainsi, Rocal va continuer à commercialiser quasiment tous ses tubes. Mais les tarifs, jusqu’ici fixés par l’Etat, vont augmenter, prévient Lehning.

Ce dernier étudie actuellement les recours à sa disposition pour remettre en question la mesure prise par le gouvernement après que la Haute Autorité de Santé s’est prononcée en faveur de la fin du remboursement de l’homéopathie en juin. Cette décision a été prise après l’analyse de 1000 études sur l’efficacité de ces granules.

On envisage de remettre en question la décision du gouvernement, avec les laboratoires Boiron, Weleda (les deux leaders du secteur, NDLR), des médecins homéopathes, des patients, l’ensemble des personnes qui ont été reçues le 11 juillet par la ministre de la Santé. Si le gouvernement a des droits par rapport au déremboursement, les conditions, elles, peuvent être remises en cause. Nous allons étudier si la procédure est dans le droit. On perçoit dans le rapport de la Haute autorité de santé (HAS) quelques biais qui nous dérangent", explique Lehning au Républicain Lorrain.

Décision polémique

Quant à savoir pourquoi l’efficacité de l’homéopathie n’a pas pu être démontrée, Lehning explique : avec la HAS, nous ne pratiquons pas le même langage”. "Nous avons fait intervenir deux chercheurs de Strasbourg qui ont identifié dans nos produits des principes actifs dosables", assure-t-il, évoquant par ailleurs de "nombreuses études scientifiques, en France comme en Europe, qui démontrent les bienfaits en termes de pratique".

La décision du gouvernement de dérembourser l’homéopathie a beaucoup fait polémique. Le 20 juillet, 45 députés issus de nombreux partis différents ont signé une tribune dans le Journal du Dimanche pour s’y opposer. Exigeant un maintien du remboursement de ces produits à 30%, le groupe d’élus évoquait notamment le fait qu’ils contribuent à faire baisser la consommation des médicaments. D’après eux, ils permettraient également de lutter contre l’antibio-résistance et auraient un rôle dans la réduction des risques associés à la polymédication.

Ainsi, pour ces députés, dérembourser l’homéopathie revient à prendre le risque d’un "report vers la médecine traditionnelle, plus coûteuse et présentant également davantage de risques d’effets indésirables et secondaires".