Il y a cinquante-deux ans, la première greffe cardiaque avait lieu en Afrique du Sud. Il s’agit d’une opération chirurgicale consistant à remplacer le cœur natif malade par un cœur sain prélevé chez un donneur. Aujourd’hui, avec 3 500 implants cardiaques réalisés par an dans le monde, le nombre de transplantés stagne alors que les besoins augmentent. C'est pourquoi, des chercheurs israéliens ont fait la Une des médias au mois d'avril quand ils ont annoncé avoir réussi à fabriquer un prototype de coeur humain en 3D à partir de tissus humains. Celui-ci était toutefois incapable de pomper.
Aujourd’hui, des chercheurs de l’Université Carnegie Mellon de Pennsylvanie (Etats-Unis) ont poussé la recherche plus loin en réussissant à créer une valve opérationnelle à partir de collagène. Cette annonce a été faite ce vendredi 2 août dans la revue Science.
Alors que les précédentes tentatives d’impression avaient échoué à cause d’une mauvaise reproduction des tissus et d’une faible résolution, ils chercheurs ont pensé à utiliser du collagène. Ce dernier est un matériau idéal puisqu’il se trouve dans tous les tissus du corps humains, explique l’étude. Après des premiers résultats gélatineux, les scientifiques ont réussi à le solidifier en utilisant des changements rapides du PH. "C'est la toute première version d'une valve, donc tout ce que nous concevrons en tant que produit sera de mieux en mieux", explique Adam Feinberg, l’un des co-auteurs de l’article. "Ce que nous avons pu montrer, c'est qu'il est possible d'imprimer en 3D une valve cardiaque à partir de collagène et qu'elle fonctionne", se félicite-t-il.
467 greffes cardiaques réalisées en France en 2017
"Je pense qu'à court terme, il s'agit probablement de réparer un organe existant, comme un cœur qui a souffert d'une perte de fonction après une crise cardiaque ou une dégradation du foie", explique Feinberg. Mais avant que leur outil n'arrive sur le marché, les chercheurs devront d’abord réaliser des essais sur les animaux puis éventuellement sur des humains.
Quoiqu’il en soit, cette trouvaille représente un espoir réel pour les nombreux patients en attente d’une transplantation cardiaque dans le monde. En France, où 467 greffes cardiaques ont été réalisées en 2017, la majorité des malades inscrits en liste d’attente de greffe cardiaque sont transplantés dans l’année qui suit leur inscription, assure le site dondorganes.fr.
De nombreuses complications possibles après une transplantation d'organe
"Par ailleurs, grâce à la mise en place de règles de super urgences, il est possible d'inscrire les patients les plus gravement malades sur une liste prioritaire nationale qui les met en tête de la liste durant quatre jours. Sur la cohorte 2009-2014, 50% des malades inscrits en liste d'attente ont été greffés au bout de 4 mois", est-il précisé.
Mais cette opération n’est pas sans risque. Si la probabilité de survie atteint aujourd'hui presque 90% avec une durée de vie excédant souvent une dizaine d’années, de nombreuses complications surviennent pour la plupart des gens ayant reçu des greffes d’organes, quelque soit leur nature.
Il arrive ainsi que les transplantés souffrent de complications infectieuses, induites par la chirurgie ou par l'immuno-dépression entraînée par le traitement. Celle-ci peut également entraîner des cancers, première cause de décès chez les greffés dont la transplantation remonte à plus de cinq ans. Enfin, dans les mois suivant l'opération, le receveur rejette parfois le greffon.