Le cancer de la peau tue une personne toutes les dix minutes dans le monde. Sa forme la plus courante (70% des cancers cutanés) et aussi la moins grave est le carcinome basocellulaire. Arrive ensuite le carcinome épidermoïde (20%), beaucoup plus agressif. En raison de la gravité et de la fréquence de cette maladie, de nombreux chercheurs essayent de trouver des stratégies pour diminuer les risques de le développer. La vitamine A, présente dans les produits animaux (oeufs, poulet...) et de nombreux fruits et légumes, étant connue pour augmenter la tolérance de la peau au soleil, des chercheurs américains ont voulu voir si sa consommation pouvait réduire le risque de carcinome épidermoïde. La réponse est oui, comme le révèle l'étude parue le 31 juillet dans le journal JAMA Dermatology.
Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé les données de 75 170 femmes âgées en moyenne de 50,4 ans qui avait participé à l'Etude sur la santé des infirmières et celle de 48 400 hommes âgés en moyenne de 54,3 ans examinés pour l'Etude de Suivi des professionnels de santé.
Sur une période de suivi de 26 ans, les chercheurs ont compté un total de 3 978 cancers de la peau parmi ces personnes. Ces derniers devant remplir des questionnaires détaillés sur leur alimentation tous les quatre ans, les scientifiques ont également pu étudier leur consommation de vitamine A. Ils ont ainsi pu observer que les volontaires qui en avait le plus ingéré avaient un risque moindre de développer un carcinome épidermoïde.
Homogénéité de la population étudiée
"Dans cette vaste étude prospective menée auprès de femmes et d'hommes américains, nous avons constaté qu'un apport global plus élevé en vitamine A, en rétinol et en plusieurs caroténoïdes individuels, dont la bêta cryptoxanthine, le lycopène, la lutéine et la zéaxanthine, était associé à un risque moindre de (cancer épidermoïde)", écrivent donc les chercheurs.
Si cette étude est un bon début afin de comprendre quels facteurs alimentaires pourraient influencer le risque de cancer de la peau, les chercheurs admettent quelques limites à leur étude. En effet la population étudiée était composée exclusivement de Blancs, professionnels de la santé et éduqués. Aussi, pour une étude plus approfondie, des personnes venant de populations plus diversifiées devraient être suivies.
Cependant, "le cancer de la peau n'est pas fréquent chez les personnes non blanches", notent les chercheurs qui appuient donc l'idée qu'un apport adéquat en vitamine A pourrait aider à prévenir le développement du cancer de la peau.
"Une supplémentation en vitamine A et en vitamine A alimentaire peut être bénéfique"
Et de conclure : "nous avons constaté une association inverse entre l'apport en vitamine A et en caroténoïdes et le risque de développement cutané (carcinome épidermoïde), ce qui soutient le rôle protecteur de la vitamine A contre le développement du (carcinome épidermoïde). Nos données confirment l'affirmation selon laquelle une supplémentation en vitamine A et en vitamine A alimentaire peut être bénéfique dans la prévention du (carcinome épidermoïde)".
Ce dernier peut être favorisé par des expositions solaires chroniques, des antécédents de radiothérapie, des cicatrices chroniques, des états inflammatoires chroniques ou encore des infections papillomavirus, surtout dans les régions génitales.
En France, où près de 60 000 nouveaux cas de cancers de la peau sont diagnostiqués chaque année selon la Ligue contre le cancer, l'Anses recommande de consommer quotidiennement 750 µg (micro gramme) de vitamine A pour les hommes et de 650 µg pour les femmes. Pour les enfants, les "anciennes références nutritionnelles (les apports nutritionnels conseillés ou ANC) allaient de 450 à 550 µg d'ER (équivalent rétinol, NDLR) selon la classe d’âge. Elles sont en cours de réévaluation", note l'Anses.