ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Les évènements stressants vécus à l'âge moyen peuvent impacter la mémoire des femmes

Démence

Les évènements stressants vécus à l'âge moyen peuvent impacter la mémoire des femmes

Par Raphaëlle de Tappie

Les femmes ayant traversé des périodes stressantes en milieu de vie seraient plus susceptible de développer un déclin cognitif en vieillissant, révèle une nouvelle étude. 

SIphotography/iStock

Actuellement, 50 millions de personnes sont atteintes de démences dans le monde et on enregistre près de 10 millions de nouveaux cas chaque année. Dans 60 à 70% des situations, les patients souffrent d'Alzheimer (44 millions de malades). Et d'après l'Association pour Alzheimer, les femmes seraient bien plus concernées que les hommes. En effet, une femme sur six développerait la maladie après l'âge de 60 ans contre un homme sur 11. Et, d'après une étude parue dans l'édition de juillet du International Journal of Geriatric Psychiatry, les femmes ayant eu des expériences de vie stressantes à un âge moyen seraient plus susceptibles de développer un déclin cognitif en vieillissant.

Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé les données collectées sur 909 étudiants américains de 1981 à 1983 dans cinq villes des Etats-Unis. 63% des participants étaient des femmes et l'âge moyen était de 47 ans au cours du suivi. Après avoir été enrôlés, les participants sont retournés voir les chercheurs pour des entrevues et des examens une fois en 1982, une fois entre 1993 et 1996, et une fois entre 2003 et 2004.

Au cours des rencontres, les chercheurs ont demandé aux volontaires s'ils avaient expérimenté un évènement traumatique dans le passé, comme une bagarre ou un viol, s'ils avaient reçu des menaces ou survécu à un désastre naturel ou encore s'ils avaient vu quelqu'un d'autre se faire attaquer ou tuer. Ils les ont également interrogés sur d'éventuelles expériences de vie stressantes comme un mariage, un divorce, le deuil d'un proche, une maladie, la naissance d'un enfant, un déménagement ou encore la perte d'un emploi.

Le stress ressenti plutôt dans la vie ne semble pas avoir d'impact sur le déclin cognitif

Dans le même temps, les chercheurs ont fait passer aux participants des tests standardisés d'apprentissage de mémoire. Ils devaient par exemple se rappeler de 20 mots prononcés immédiatement après les avoir entendus puis vingt minutes plus tard.

A terme, les scientifiques ont constaté que plus les femmes avaient été soumises à des expériences de vie stressantes à un âge moyen, plus elles avaient de difficultés à réaliser ces tests. 

En revanche, le stress ressenti plus tôt dans la vie n'était pas prédictif d'un déclin cognitif chez les femmes ou les hommes.

"Une réponse normale au stress provoque une hausse temporaire dans les hormones de stress comme le cortisol et quand c'est fini, les niveaux retournent à la ligne de base et vous récupérez. Mais en cas de stress répété ou de sensibilité accrue au stress, votre corps développe une réponse hormonale accrue et soutenue qui prend plus de temps à se rétablir", explique Cynthia Munro, professeur associée en psychiatrie et en sciences comportementales à l'Ecole de Médecine de l'Université Johns Hopkins qui a mené l'étude. "Nous savons que si les niveaux d'hormones du stress augmentent et restent élevés, ce n'est pas bon pour l'hippocampe du cerveau, le siège de la mémoire", ajoute-t-elle.  

Les femmes toujours plus sensibles au stress

Ainsi, un stress durable comme un divorce pouvait avoir plus d'impact négatif sur le fonctionnement du cerveau qu'un évènement traumatique distinct.

Des médicaments pour aider notre cerveau à gérer le stress pourrait donc être prescrits en complément d'autres thérapies comportementales pour réduire le stress sur les esprits vieillissants, notent les chercheurs.

Cette étude n'est pas la première à faire le lien entre hormone du stress et sexe. Dans le passé, des travaux avaient déjà montré que les effets de l'âge sur la réponse au stress étaient trois fois plus importants chez les femmes que chez les hommes. Enfin, plusieurs scientifiques ont prouvé que le stress chronique pouvait engendrer des problèmes cognitifs.