Elle affecte plus d’un milliard d’adultes dans le monde. La migraine est la troisième affliction la plus répandue qui soit. Elle se caractérise par des crises répétées se manifestant essentiellement par des maux de tête (céphalées). En plus de quoi, la personne atteinte peut souffrir de nausées, de sautes d’humeur, d’une sensibilité accrue à la lumière, au son et d’hallucinations visuelles et auditives. Et si les malades mettent ça sur le dos de la météo, de bouleversements hormonaux, du stress, de médicaments ou de certains aliments ou boissons, peu d’études se sont penchées sur les effets immédiats de ces potentiels facteurs de risque.
C’est pourquoi des chercheurs américains ont décidé d’étudier l’impact des boissons caféinées sur les migraines. D’après leur étude parue en août dans le American Journal of Medicine, une à deux portions par jour ne seraient pas associées à des maux de tête le jour même. Trois ou plus en revanche pourraient augmenter les risques immédiats ou le jour suivant.
Pour en arriver à ces conclusions, Elizabeth Mostofsky du Beth Israel Deaconess Medical Center (Etats-Unis) et ses collègues ont demandé à 98 adultes souffrant de migraines épisodiques de compléter des journaux électroniques chaque matin et chaque soir pendant au moins six semaines. Chaque jour, les participants rapportaient leur consommation de sodas et de boissons caféinées, avec de la théine ou énergétique. S’ils avaient eu des migraines, ils devaient décrire comment elles étaient survenues, leur intensité, leur durée et le médicament pris pour soulager les symptômes. Les participants devaient également donner des informations sur leur consommation de médicaments, d’alcool, leur niveau de déprime et de stress psychologique, leurs menstruations et leurs habitudes de sommeil.
Des recommandations alimentaires floues
"Alors qu’un déclencheur potentiel comme le manque de sommeil peut seulement augmenter le risque de migraine, le rôle de la caféine est particulièrement complexe, car cela peut déclencher une attaque mais aide également à contrôler les symptômes", explique Mostofsky. "L’impact de la caféine dépend de la dose et de la fréquence mais parce qu’il y a eu peu d’études sur le risque immédiat de migraines à la suite de l’absorption de breuvages caféinés, il y a des preuves limitées pour donner des recommandations alimentaires aux personnes qui souffrent de migraine".
"Une portion de caféine se définit généralement comme huit onces ou une tasse de café caféiné, six onces de thé, une canette de soda de 12 onces et une canette de 2 onces d'une boisson énergétique", poursuit-elle. "Ces portions contiennent entre 25 to 150 milligrames de caféine donc nous ne pouvons pas quantifier quel taux de caféine est associé avec un plus haut risque de migraine".
Au terme de leur étude, les chercheurs n’ont pas identifié de lien entre deux portions de boisson caféinée et la probabilité de migraine le même jour. En revanche, ils ont observé des probabilités plus élevées de migraines après trois portions de boissons caféinées ou plus. Toutefois, chez les gens peu habitués, même une ou deux portions augmentaient les risques de développer une migraine dans la journée.
Les femmes beaucoup plus sensibles aux migraines que les hommes
"Malgré la haute prévalence de migraines et des symptômes invalidants, la prévention efficace des migraines demeure floue pour beaucoup de patients", commente Bertisch du Brigham and Women's Hospital (Etats-Unis) qui a participé à l’étude. "Cette étude était une nouvelle opportunité d’examiner les effets à court terme d’une boisson caféinée quotidienne sur le risque de migraines (…) Plus de travail est nécessaire afin de confirmer ces découvertes mais c’est une première étape importante", conclut-elle.
D’après l’Inserm, la migraine est due à une "excitabilité neuronale anormale, liées à des facteurs génétiques complexes associés à des facteurs environnementaux". Elle concerne 6 à 7 millions de Français, 12% de la population active (pour un patient sur quatre, la sévérité des crises entraîne un ralentissement socioprofessionnel important) et plus du quart des femmes âgées de 30 à 39 ans.
En effet, les femmes sont beaucoup plus sujettes aux migraines que les hommes, et ce, quelque soit le pays. D’après une étude réalisée en avril par des chercheurs américains, cela pourrait s’expliquer par la sensibilité des la gente féminine à la protéine calcitonine CGRP (peptide lié au gène de la calcitonine). "Nous savons déjà que la calcitonine CGRP joue un rôle important dans la migraine. Elle fait l'objet d'une enquête depuis plus de 30 ans. La calcoltine CGRP est produite à la fois dans le système nerveux central - le cerveau et la moelle épinière - et dans le système nerveux périphérique, qui va partout ailleurs, y compris les méninges", expliquaient notamment les chercheurs.