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Traitement

Obésité : des injections d'hormones pour aider les patients à perdre du poids sans effets secondaires

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs ont mis au point un mélange d'hormones dont l'injection permettrait aux personnes obèses de perdre du poids sans souffrir des éventuels effets secondaires d'une chirurgie bariatrique. 

Zinkevych/iStock

L’obésité est un véritable enjeu de santé mondial. Le nombre de cas a presque triplé depuis 1975, met en garde l’Organisation mondiale de la santé. Ainsi, en 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes (18 ans et plus) étaient en surpoids (IMC égal ou supérieur à 25) et, parmi eux, 650 millions étaient obèses (IMC égal ou supérieur à 30). Pour traiter l’obésité, la chirurgie de pontage gastrique est très efficace. Elle permet aux malades d’éviter de reprendre du poids et améliore les taux de glycémie chez ceux qui souffrent de diabète de type 2, une conséquence courante du surpoids. Malheureusement, cette procédure peut également être accompagnée d’effets secondaires tels que des vomissements, une douleur abdominale, une nausée chronique et une hypoglycémie invalidante. 

Aujourd’hui, des chercheurs du Collège Impérial de Londres (Royaume-Uni) ont mis au point une nouvelle façon d’aider les patients obèses à perdre du poids grâce à la concoction et à l’injection d’hormones. Lors d’un essai clinique, cette technique leur a permis de perdre en moyenne 4,4 kilos et de réduire le taux de sucre dans leur sang. Cette technique pourrait peut-être devenir une alternative non invasive à la chirurgie bariatrique dans un futur proche. Les résultats de leur étude ont été publiées en août dans la revue Diabetes Cares.

"L'obésité et le diabète de type 2 peuvent entraîner des maladies très graves et potentiellement mortelles comme le cancer, les accidents vasculaires cérébraux et les maladies cardiaques. Il y a un réel besoin de trouver de nouveaux médicaments pour améliorer et sauver la vie de nombreux patients", explique Tricia Tan, auteure principale de l’étude. 

"Nous pourrions à l'avenir donner ce type de traitement à beaucoup plus de patients"

Pour tester la validité de leur méthode, les chercheurs ont suivi 69 patients diabétiques et pré-diabétiques qu’ils ont répartis en plusieurs groupes. Ils ont administré un mélange d’hormones à 15 d’entre eux tandis que 11 ont reçu une infusion saline en guise de placebo, 21 une chirurgie bariatrique et 22 ont dû suivre un régime basé sur la restriction de calories. En plus de quoi, tous les participants ont dû utiliser des appareils pour mesurer leurs niveaux de glucose dans le sang après le traitement et ceux des deux premiers groupes ont également reçu les conseils diététiques d’un expert.

Pendant un mois, les participants soumis aux injections d’hormones ont utilisé une pompe injectant le fluide sous leur peau pendant 12 heures d’affilée, du petit matin jusqu’à après le dernier repas de la journée. Au terme de ces quatre semaines, les chercheurs ont pu observer une perte de 4,4 kgs en moyenne ainsi que des améliorations significatives en termes de glycémie. Pour certains, la concentration en sucre était même revenue à un niveau proche de normal. En comparaison, ceux à qui on avait donné du placebo avaient perdu en moyenne 2,5 kgs. Mais, dans les deux cas, c’était beaucoup moins que les participants opérés (moins 10,3 kgs) ou qui avaient suivi un régime alimentaire faible en calories (moins 8,3 kgs).

Mais si la perte de poids des patients traités aux hormones n’était pas la plus impressionnante, ces derniers n’ont expérimenté aucun effet secondaire. "Bien que la perte de poids ait été moindre, il serait préférable d'utiliser cette perfusion car elle a moins d'effets secondaires que la chirurgie bariatrique", explique Tricia Tan. "Ce résultat montre qu'il est possible d'obtenir certains des avantages d'un pontage gastrique sans avoir à subir la chirurgie elle-même. Si d'autres essais réussissent, nous pourrions à l'avenir donner ce type de traitement à beaucoup plus de patients", poursuit-elle. 

Une stabilisation des niveaux de glycémie 

Autre bénéfice et pas des moindres : cette technique a permis de diminuer et de stabiliser les niveaux de glycémie des patients alors que la chirurgie bariatrique a entraîné des améliorations très variables à ce niveau là.

"Bien qu'il s'agisse d'une petite étude, notre nouveau traitement hormonal combiné est prometteur et a montré des améliorations significatives de la santé des patients en seulement quatre semaines. Comparé à d'autres méthodes, le traitement est non invasif et réduit le taux de glucose à des niveaux proches de la normale chez nos patients", concluent les chercheurs.

Cela fait désormais longtemps que la relation entre obésité et diabète de type 2 est reconnue. Une accumulation de tissu adipeux à l’intérieur de la cavité abdominale est liée à une intolérance au glucose et à une hyperinsulinémie provoquée par un état de résistance du métabolisme du glucose à l’action de l’insuline. "La résistance à l’insuline est caractérisée par l’incompétence de l’insuline à exercer son action sur l’entrée du glucose dans les tissus et sur son métabolisme", explique l’Université de Laval sur son site.