L’apnée du sommeil, qui concerne 5% des Français, consiste en des arrêts involontaires de la respiration pendant la nuit car l’air ne passe plus normalement dans les poumons. Ces pauses durent plus de 10 secondes (elles peuvent atteindre jusqu’à 30 secondes) et se produisent plusieurs fois par nuit à une fréquence variable. Dans les cas graves, il arrive qu’elles surviennent jusqu’à plus de trente fois par heure.
Elles peuvent alors se traduire par une fatigue au réveil, des maux de tête et une somnolence dans la journée. A terme, cette affliction peut entraîner des maladies cardiovasculaires, des défauts de vigilance responsables d'accidents, des dépressions ou encore des complications lors d’opérations sous anesthésie générale.
Le rôle de l'appareil dentaire
Et si la plupart des patients sont traités par un masque CPAP, un support ventilatoire qui permet d'envoyer en continu de l'air dans les poumons, ils sont nombreux à avoir du mal à dormir avec cet encombrant instrument. Ces derniers se voient alors souvent proposer un appareil dentaire déplaçant la mâchoire inférieure en avant pour prévenir les périodes d'obstruction de la circulation de l'air. Dans une étude parue dans les Annals of the American Thoracic Society, des chercheurs ont identifié cinq traits caractéristiques des patients pour qui l’appareil dentaire serait le moyen le plus efficace de traiter l’apnée obstructive du sommeil.
Au cours de leur étude, ils ont analysé les des données de polysomnographie, un test utilisé pour diagnostiquer l’apnée du sommeil, de 93 adultes âgés en moyennes de 56 ans. Ils ont ainsi découvert que les patients sans repliement sévère bénéficiaient plus de l’appareil dentaire que les autres. De même pour ceux ayant une réponse réflexe plus faible des muscles de la gorge qui maintiennent les voies respiratoires ouvertes (compensation musculaire inférieure). En revanche, les personnes présentant une très légère collapsibilité (la capacité pour les voies aériennes supérieures à se fermer sous l'effet de l'application d'une pression négative) réagissaient moins bien à l’appareil dentaire.
73% de pauses respiratoires en moins par heure
Trois caractéristiques sans rapport avec les voies respiratoires supérieures ont également aidé les chercheurs à prédire quels patients répondraient moins bien à un appareil dentaire : un seuil d'excitation plus bas, une réponse ventilatoire plus élevée à l'excitation et un gain de boucle plus élevé. Ce dernier est une mesure de l’agressivité avec laquelle le cerveau et les poumons réagissent à la chute d'oxygène et à l'augmentation du dioxyde de carbone dans le sang.
Forts de ces cinq caractéristiques, les chercheurs ont pu prédire que l’appareil dentaire serait efficace pour traiter 61% des participants à l’étude. Résultats : ces patients ont fait 73% de pauses de respiration en moins par heure.
"Puisque les appareils dentaires marchent en améliorant l'affaissement des voies respiratoires supérieures, les patients qui n'ont pas d'affaissement vraiment grave sont plus susceptibles de bénéficier d'un appareil buccal, tandis que ceux qui souffrent d'apnée du sommeil pour d’autres raisons, comme des réactions réflexes exagérées à une baisse du taux d'oxygène, sont moins susceptibles d'en bénéficier", explique Scott Sands, auteur senior de l’étude et Professeur assistant de médecine à l’Ecole de Médecine d’Harvard et au Brigham and Women's Hospital à Boston.
L’appareil dentaire très efficace pour les patients en surpoids
"Étonnamment, le fait que l'apnée du sommeil soit modérée ou très grave ne semble pas avoir d'importance (…). La thérapie par appareil buccal a été remarquablement efficace chez des patients en surpoids souffrant d'apnée obstructive du sommeil très sévère", poursuit-il.
"Bien que la CPAP soit excellente pour certains, il reste un grand nombre de patients qui éprouvent de grandes difficultés avec elle", développe-t-il. Et de conclure : "Pour ces personnes, cette étude souligne l'avantage potentiel de mesurer les causes sous-jacentes de leur apnée du sommeil afin d'estimer si un appareil dentaire pourrait être un choix équivalent ou meilleur que la CPAP pour le traitement de leur apnée du sommeil.
Les appareils dentaires ont été introduits pour le traitement de l’apnée du sommeil dans les années 80. Actuellement, 80 modèles différents existent sur le marché. "Si chaque modèle est différent, le principe de base est le même : exercer une traction sur les tissus autour des voies respiratoires pour les dégager et permettre ainsi un meilleur passage de l’air", explique le site de la Fondation du Sommeil. La plupart des nouveaux modèles fonctionnent en s’accrochant sur la mandibule et en la tirant vers l’avant grâce à un appui sur le maxillaire supérieur.