Des dauphins nageant dans des eaux turquoise, des aurores boréales… Et si les femmes enceintes voyaient ces images paradisiaques au moment d’accoucher au lieu des murs blancs effrayants de l’hôpital ? C’est ce qu’est en train de tester l’Université du Pays de Galles sur des femmes sur le point de mettre un enfant au monde. Si son essai se révèle concluant, cette technique pourrait s’étendre à toute la région.
"Même si c’était utile au tout début et qu’ensuite vous décidiez d’être plus présente ou d’essayer autre chose, je pense que c’est bien. Même si ça n’aide que pour une demi-heure, c’est une bonne chose", témoigne Hannah Lelli à la BBC. Cette future maman a testé le kit avant la naissance de son premier né en août et se décrit "comme une grande fan". "Ca m’aide à me détendre (…) Ce n'est peut-être pas pour tout le monde, ce n'est peut-être pas pour toutes les étapes du travail, mais je pense que c'est une alternative", ajoute-t-elle.
"Cela nous donne l'occasion de faire quelque chose de vraiment différent, quelque chose de novateur, quelque chose qui n'est pas utilisé ailleurs. C'est une excellente occasion, surtout pour les femmes en début d'accouchement, d'essayer de les aider à respirer et à se détendre et de les sortir de l'instant présent", commente Mme Hardacre, la responsable de la profession de sage-femme pour le conseil de santé de Cardiff et Vale.
4 300 euros par casque
"Pour des choses comme l'accouchement précoce, nous pouvons actuellement offrir de l'eau, de la respiration et de la relaxation (…) La réalité virtuelle apporte une autre dimension à ça", poursuit-elle. D’après elle, cet outil pourrait également être utilisé sur des femmes qui ont connu des expériences d’accouchement traumatisantes.
Le conseil de santé de l’hôpital doit bientôt se réunir pour évaluer la réaction du premier groupe de futures mamans. "Cela va être très intéressant de voir le retour des femmes qui utilisent ça pendant l’accouchement. Pour certaines, elles voudront être plus présentes et ne voudront pas de cette distraction tandis que d’autres en auront besoin et bien sûr cela apporte une alternative aux médicaments pour soulager la peine", explique Hardare.
Le coût d’une telle opération revient à environ 4 300 euros par casque chaque année. Le casque de réalité virtuelle "est lentement sorti de l'arène du jeu pour passer aux thérapies", se félicite Glenn Hapgood, cofondateur de Rescape Innovation, compagnie qui se décrit comme pionnière dans l'utilisation de la réalité virtuelle pour résoudre des problèmes dans le domaine de la santé.
"Une solution très facile à avoir"
"Un séjour à l'hôpital n'est jamais agréable. Donc, même si vous le considérez d'un point de vue thérapeutique, le simple fait d'éloigner les gens de l'environnement inconfortable dans lequel ils se trouvent-c'est une solution très facile à avoir", explique-t-il.
Il y a peu de temps, une étude réalisée par le Cedars Sinai Hospital de Los Angeles a montré que 57% des femmes qui avaient utilisé des casques de réalité virtuelle pendant leur accouchement avaient eu moins de douleurs. Toutefois, d’après le docteur Melissa Wong, la gynécologue obstétricienne en chef au Cedars Sinai, il faut davantage rapporter l’expérience de réalité virtuelle à l’accouchement.
Ainsi, son équipe médicale a eu l'idée de développer un scénario différent. Les femmes sont emmenées sur une plage jusqu’à ce que un feu de camp s’allume doucement sur le sol. Dans le même temps, un arbre rose ressemblant à un placenta s’épanouit. "Nous voulions des images pour aider une personne à passer en mode relaxation mais aussi pour l'aider à rester connectée à l'expérience. Nous ne voulons pas qu'elles oublient qu'elles sont sur le point d'avoir un enfant, elles doivent créer des liens avec eux, créer des liens avec le bébé, imaginer ce que le bébé vit, visualiser ce que le corps est en train de faire. Ce n'est pas de l'évasion, c'est aller un peu plus loin dans votre propre expérience", concluait Wong.