Quand un câlin avec son chien vire au cauchemar. Aux Etats-Unis, une femme d’une cinquantaine d’années s’est réveillée d’un coma pour découvrir qu’on l’avait amputée des jambes et des mains, rapportait The Independent début août. La quinquagénaire souffrait d’un empoisonnement du sang provoqué par la salive de l’un de ses chiens. Cette maladie extrêmement rare n’arrive que dans un cas sur un million.
En mai, Marie Trainer, 54 ans, commence à souffrir de symptômes similaires à ceux d’une grippe. Quand sa température corporelle augmente d’un coup, elle décide de se rendre à l’hôpital Aultman (Ohio). Les médecins lui diagnostiquent un sepsis (syndrome d'infection générale et grave de l'organisme par des agents pathogènes) ainsi qu’une insuffisance rénale et hépatique. La patiente souffre également d’intenses douleurs aux jambes et aux mains.
Sa situation s’aggrave si vite qu'on la place dans un coma artificiel pour stopper la progression de son mal. Sous assistance respiratoire, elle développe en quelques heures des gangrènes et des nécroses sur les membres. "De nouveaux symptômes avec aggravation sont arrivés très rapidement", témoigne sa belle-fille, infirmière à l’hôpital Aultman, à la chaîne de télévision Fox 8.
Capnocytophaga canimorsus
Grâce à des tests sanguins, les médecins comprennent finalement que la malheureuse souffre de Capnocytophaga canimorsus, une bactérie présente chez les chiens qui peut provoquer un empoisonnement du sang quand la salive entre en contact avec une blessure ou une coupure. Pour sauver sa vie, les docteurs n’ont d’autres choix de l’amputer. Au réveil, "c'était vraiment dur de découvrir qu'ils avaient enlevé mes jambes et mes mains", confie cette amoureuse des chiens à Fox 59.
Après l’accident, une cagnotte en ligne lui a permis de rassembler plus de 18 000 dollars qui l’aideront, on l’espère, à se réhabiliter plus facilement. En attendant, Marie Trainer peut conter sur le soutien de son mari. "Il me nourrit, m’habille, il est là pour moi chaque jour. Il y a beaucoup de chemin à faire", témoigne-t-elle.
Si cette dramatique histoire n’est pas isolée, elle est fort heureusement très rare. En effet, une telle réaction n’interviendrait que dans un cas sur un million. Seules trois souches de la bactérie Capnocytophaga canimorsus sont dangereuses pour l’homme et elles ne représentent que 7,6% des neuf souches.
Les personnes avec un système immunitaire normal répondront bien aux antibiotiques
"Parmi les facteurs prédisposant, on trouve en premier les personnes ayant un système immunitaire défaillant, en raison d'une maladie, d'un traitement ou de l'ablation de la rate, ainsi que les diabétiques et les alcooliques (…) Mais on sait maintenant que des patients immunocompétents peuvent aussi être contaminés, même si c'est plus rare", explique Anne Gougeon, professeure de microbiologie à l'université de Rennes-1 et praticienne hospitalière au CHU de Rennes, au Point.
Dans le détail, C. canimorsus est un bacille qui pousse surtout en l’absence d’oxygène. On la retrouve notamment dans la salive des chiens et des chats qui, même s’ils ne développent aucune maladie, peuvent la transmettre à l’homme en léchant une plaie ou une morsure. Alors qu’une personne avec un système immunitaire normal répondra bien aux antibiotiques, les plus vulnérables voient le mal progresser à une vitesse alarmante.
L’infection peut entraîner des troubles de coagulation du sang qui conduisent à des hémorragies et à un sepsis généralisé. Des nécroses cellulaires et une insuffisance rénale aigüe peuvent ensuite survenir. Il faut alors parfois pratiquer une amputation des membres dans l’espoir de limiter la propagation de l’infection aux organes vitaux. Mais même ça ne suffit pas toujours. Ainsi, en France, trois patient sont décédés à cause C. canimorsus entre février 2017 et avril 2018, selon La Revue de médecine interne.
Aussi, si vous avez un animal de compagnie et que vous commencez à souffrir de symptômes s’apparentant à une infection septiques tels que de la fièvre, des frissons, une peau chaude, des douleurs thoraciques, une fréquence cardiaque rapide, une éruption cutanée ou encore une baisse de la pression artérielle, consultez immédiatement votre médecin.