La dépression touche une personne sur cinq en France avec une prévalence deux fois plus forte chez les femmes. Pour lutter contre ce mal de plus en plus présent dans la société, l’Inserm a mis au point une application du nom de StopBlues, gratuitement téléchargeable sur smartphone dans quelques villes françaises. Après avoir été expérimenté dans 36 communes, elle arrive aujourd’hui dans la ville de Bondy, en Seine-Saint-Denis, a annoncé Le Parisien dimanche 11 août.
"L’objectif est de venir en aide aux personnes qui ont une baisse de moral, une vraie souffrance psychologique. Ces personnes souvent ne sont pas au courant de tous les signes qui permettent d'identifier cette souffrance. L’objectif est de la reconnaître dans l’intimité, dans l’anonymat", explique Karine Chevreul, directrice du projet, dans une vidéo explicative.
Ainsi, cette appli permet aux personnes d’identifier les signes de dépression tels que la perte de plaisir, la fatigue, les troubles du sommeil et de l’alimentation, et d’essayer de comprendre les causes de ce mal-être qui dure. Pour en venir à bout, StopBlues propose des jeux, des exercices de relaxation et de psychologie positive ainsi que des témoignages concrets de gens qui expliquent comment franchir le pas pour en parler. Et au cas où l’utilisateur envisagerait de se faire du mal, le dispositif contient même un bouton d’urgence pour appeler les secours. Rappelons que le Santé Publique France a compté 8 948 décès par suicides en France métropolitaine en 2015.
"Savoir quelles sont les aides autour de vous"
Il faut "que les gens comprennent que ça peut arriver à tout le monde, que ce n’est qu’une partie de la vie et qu’il y a des solutions. Ces solutions, on les apporte dans une autre partie de StopBlues en essayant d’informer sur les bénéfices d’en parler à des proches ou à des professionnels (…) Une autre partie vous aide à vous évaluer vous-même : vous avez accès à la partie quizz, c'est questionnaire simple, extrêmement rapide, qui vous permet de savoir où vous en êtes (…). Une fois que vous savez tout ça, vous pouvez vous géo localiser et savoir quelles sont les aides autour de vous, qu’elles soient associatives ou professionnelles", poursuit Karine Chevreul.
A Bondy, la commune a cartographié les endroits pouvant recevoir et orienter des personnes en souffrance qui le souhaiteraient. "Ces lieux englobent à la fois certains services de la ville, comme les équipes de la maison de Marianne, et les structures de soins et professionnels de santé, comme les médecins généralistes ou pharmacies", explique Jean-Jacques Rémond, coordinateur du conseil local de santé mentale, au Parisien.
"Nous avons intégré trois groupes expérimentaux de villes pour assurer la promotion de StopBlues à différents stades de son développement. Nous avons un rôle de relais, notamment auprès de nos partenaires du secteur de la psychiatrie", précise-t-il.
Un programme développé avec des chercheurs de l’Inserm
Ce programme, financé par l'agence Santé Publique France à hauteur de 950 000 €, a été développé par une équipe de recherche de l’Inserm "en collaboration avec des professionnels de santé et des personnes comme vous qui ont accepté de partager leur expérience", est-il expliqué sur son site officiel.
En septembre 2018, l’Inserm et la Haute Autorité de Santé ont publié une liste caractéristique des neuf symptômes propres à la dépression. Tristesse continue, fatigue perpétuelle, perte d’intérêt pour des activités qui nous passionnaient, idées noires récurrentes, rapport trouble avec la nourriture, ralentissement psychomoteur, troubles physiques (perte de libido, mal de ventre), difficultés à se concentrer et culpabilité permanente sont des signes qui ne trompent pas.