Il y a un mois, l’Organisation mondiale de la santé alertait sur le manque de couverture vaccinale chez les enfants aux quatre coins de la planète. D’après elle, en 2018, près de 20 millions d’enfants n’ont pas reçu les vaccins susceptibles d’éviter des maladies mortelles. Si la plupart d’entre eux vivent dans des pays pauvres ou touchés par des conflits, il arrive que des jeunes d’Etats développés ne soient pas vaccinés car leurs parents le refusent ouvertement.
Dans le cas où leur pédiatre s’occuperait de tels enfants, quatre parents sur dix se disent "susceptibles" ou "très susceptibles" d’en changer, d’après un sondage réalisé par l’Université du Michigan et paru ce lundi 19 août. Par ailleurs, trois parents sur dix estiment que le médecin de leur enfant devrait demander aux familles anti-vaccins d’aller consulter ailleurs.
Pour ce sondage, les chercheurs ont interrogé 2 032 parents d’au moins un enfant de 18 ans ou moins. Ils ont ainsi pu observer que beaucoup de parents n’étaient pas au courant des attitudes de leur pédiatre concernant les enfants non vaccinés. Alors que 39% des parents sont certains que leur médecin a une règle imposant aux enfants tous les vaccins, 8% considèrent que ces derniers doivent recevoir quelques vaccins au moins. Pour 15%, le pédiatre n’a aucune politique concernant la vaccination tandis que 38% disent tout ignorer sur le sujet.
Les avis divergent sur la nature des règles à adopter
Qui plus est, pour 6 % des parents, le pédiatre de leur enfant ne permet pas aux non-vaccinés d'utiliser la même salle d'attente que les autres, et 2 % sont sûrs qu’ils ont le droit s’ils portent des masques. Enfin, 24% des sondés estiment que le cabinet permet aux enfants non-vaccinés d’être dans la salle d’attente avec les autres sans restrictions aucune.
Les avis des adultes divergent également beaucoup sur la nature de ces règles et quant à savoir s’ils devraient être informés de la présence d’enfants non-vaccinés dans le cabinet des leurs. Pour 17% des parents, un enfant pas vacciné du tout ne devrait pas pouvoir se rendre dans la salle d’attente tandis que pour 27% ils devraient s’y rendre avec un masque afin de ne pas faire courir de risques aux patients les plus vulnérables. Mais pour 28% des sondés, le cabinet médical devrait permettre aux enfants non vaccinés de continuer à consulter sans restriction.
Enfin, environ 4 parents sur 10 (43 %) assurent vouloir être informés dans le cas où des enfants ne seraient pas vaccinés du tout dans leur cabinet médical. Auquel cas, 12% se disent "très susceptibles" et 29% "quelque peu susceptible" de changer de pédiatre pour leur enfant.
Prise de risque pour les patients les plus vulnérables
"Les pédiatres s'efforcent de garder les enfants en bonne santé à travers un suivi régulier et cela inclut d'encourager les familles à suivre les programmes de vaccination recommandés. Quand une famille refuse, cela met le professionnel de santé dans une position difficile", explique Sarah Clark qui a mené l'étude.
"Un enfant pas vacciné du tout est sans défense face à des maladies dangereuses et contagieuses telles que la rougeole, coqueluche et varicelle. Les petits qui ne se font pas vacciner peuvent également transmettre les maladies aux autres patients. Cela peut être surtout risqué pour les populations vulnérables tels que les nourrissons trop jeunes pour être vaccinés, les personnes âgées, les patients avec des systèmes immunitaires affaiblis ou les femmes enceintes", poursuit-elle.
La plupart du temps, les médecins ont des discussions avec les parents pour leur expliquer l’importance de la vaccination des enfants et pour répondre aux questions concernant les possibles effets secondaires, rappelle la chercheuse. "En plus d'expliquer comment les vaccins protègent la santé de l'enfant, les prestataires de soins peuvent aussi partager des informations sur les raisons pour lesquelles un enfant non vacciné expose d'autres enfants et patients à des risques sanitaires dangereux", développe-t-elle.
Flambée de rougeole
Et si dans les pays occidentaux, la plupart des parents ont tendance à suivre les recommandations officielles concernant les vaccins, la récente flambée de rougeole, notamment aux Etats-Unis et en Europe, montre la nécessité pour les adultes d’envisager des politiques concernant les enfants non vaccinés, analysent les chercheurs.
Rappelons que la rougeole est un virus extrêmement contagieux, capable de survivre plusieurs heures dans une zone où un malade aura toussé ou éternué. Ce dernier peut même la propager avant même l’apparition des symptômes. Ainsi, quand des parents amènent un enfant en pensant qu’il a éventuellement la rougeole dans un cabinet médical, ils peuvent exposer de nombreux autres patients à la maladie, explique Clark.
"Les prestataires de soins de santé primaires doivent réfléchir soigneusement à la question de savoir s'ils doivent mettre en place des politiques pour empêcher leurs patients d'être exposés à des maladies évitables par la vaccination, et ensuite communiquer ces politiques à tous les patients de leur pratique", ajoute-t-elle. Et de conclure : "Tout parent - et en particulier les parents de nourrissons ou d'enfants immunodéprimés - devrait s'informer auprès du fournisseur de soins primaires de son enfant sur les politiques concernant les enfants non vaccinés".