« Il est urgent de prendre des mesures pour maîtriser l’augmentation des doses délivrées aux patients lors d’examens médicaux ». L'Agence de sûreté nucléaire (Asn) tire la sonnette d'alarme dans son bilan 2012 sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en région Île-de-France. En effet, le recours aux radiographies qui émettent des rayons nocifs pouvant être à l’origine de cancers est de plus en plus important.
Les données de 2012 récoltées par l'Asn montrent une augmentation des doses moyennes délivrées aux patients du fait de la hausse du nombre des examens en radiologie conventionnelle ou interventionnellle et en scanographie. « L'exposition d'origine médicale a augmenté de 50% en l'espace de cinq ans ( de 2002 à 2007)», indique Delphine Ruel, chef de la division de Paris de l'Asn. Au final, plus d'un tiers de l'exposition moyenne d'un invidivdu aux rayons ionisants en France provient du domaine médical.
Raison de cette augmentation, l'imagerie médicale est plus largement utilisée car de plus en plus performante. Par exemple, le recours plus fréquent au scanner est jusifiée par le fait qu'il permet de faire de l’imagerie en 3 dimensions. Mais, cette technique délivre aussi des doses plus importantes de rayons nocifs. Un scanner du corps entier délivre par exemple jusqu'à 20 millisieverts (mSv), soit la limite réglementaire annuelle autorisée pour un travailleur du secteur nucléaire.
Et la plus grande étude de population menée à ce jour par le Pr John Mathews de l'université de Melbourne sur l'exposition aux irradiations médicales confirmait en mai 2013 le petit risque de cancer associé aux scanners passés pendant l'enfance et l'adolescence. Les cancers de la tête et les leucémies apparus chez certains de ces enfants s’expliquent par leur sensibilité aux rayons ionisants qui abîment les noyaux des cellules. Le scanner cérébral irradie à la fois ces cellules nerveuses mais aussi celles de la moelle osseuse contenues dans la boîte crânienne.
Pour tenter de protéger au maximum les patients, l'Asn souhaite le développement du parc d’imagerie par résonance magnétique (IRM), technique qui ne recourt pas aux rayonnements ionisants, mais aussi une augmentation de la présence des radiophysiciens et l’application du principe de justification et d’optimisation des examens radiologiques. L’Asn se félicite d’ailleurs de « la mise à jour par les sociétés françaises de radiologie et de médecine nucléaire du guide de bon usage utilisé pour la formation auprès des médecins généralistes et spécialistes sur la justification des examens d’imagerie médicale ». « Des actions de promotion de cet outil devront être poursuivies », conclut l’Asn.