Fumer, c’est mauvais pour la santé, chacun le sait. Cela accélère le vieillissement de la peau et augmente, entre autres, les risques de développer du diabète, un cancer du poumon, de l’asthme ou encore de perdre la vue. A contrario, quand un fumeur s'arrête, de nombreuses choses positives lui arrivent : son goût et son odorat s’améliorent ainsi que sa respiration et son souffle. Trois mois après le sevrage, la toux et la fatigue diminuent et l’exercice physique est plus facile. Mais si cela a un impact positif sur le métabolisme, les anciens fumeurs auraient de plus en plus le moral en berne. D’après une enquête américaine parue dans le American Journal of Preventive Medicine, aux Etats-Unis, entre 2005 et 2016, les anciens fumeurs sont davantage tombés dans la dépression tandis que leur consommation d’alcool et de cannabis a augmenté. Autant de facteurs qui augmentent les risques de rechute.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont enquêté l'année dernière sur la prévalence de la dépression et la consommation de cannabis et d'alcool chez les anciens fumeurs de plus de 18 ans entre 2005 et 2016. Ils ont pour cela analysé les données de l'enquête nationale sur la consommation de drogue et la santé à laquelle plus de 67 000 individus avaient participé.
Ils ont ainsi remarqué qu’au cours de cette période, chez les anciens fumeurs, l’incidence de la dépression était passée de 4,88% à 6,04%, l’usage de cannabis de 5,35% à 10,09% et la consommation abusive d’alcool de 17,22% à 22,3%.
De plus en plus de personnes arrêtent le tabac aux Etats-Unis
"La bonne nouvelle c’est que le contrôle du tabac a réussi à entraîner une réduction de la cigarette : la proportion d’anciens fumeurs augmente aux Etats-Unis (50% en 2016 contre 44,4% en 2002)" , se félicite Renee D. Goodwin de l’Université de Columbia qui a mené l'étude. "Toutefois, comme notre étude le démontre, la plupart d’entre eux souffrent aujourd’hui de dépression et ont tendance à consommer des substances problématiques", déplore-t-elle.
Et si l’augmentation de la consommation de cannabis pourrait aussi être liée au fait que la marijuana commence à être légalisée dans de nombreux Etats et est de plus en plus utilisée par les consommateurs de tabac pour arrêter la cigarette, tous ces facteurs augmentent les risques de se remettre à fumer. Aussi, "notre étude devrait être un signal d’alarme pour les autorités sanitaires et les professionnels de santé. Cette découverte représente une menace imminente sur les progrès qui ont été fait pour réduire la prévalence de l’usage de la cigarette", alerte Goodwin.
En effet, il a été démontré à de nombreuses reprises que la dépression ainsi que la consommation d’alcool et de drogues pouvaient compromettre l’abstinence. "Par conséquent, le dépistage de ces problèmes et l'aiguillage vers un traitement devraient être hautement prioritaires. Il s'agit là d'étapes importantes pour assurer une abstinence croissante et soutenue au sein de la population américaine, une tendance qui présente des avantages importants pour la santé et la société", concluent les chercheurs.
Un millions de fumeurs en moins en France
Il est toutefois difficile d'en conclure qu'arrêter de fumer peut entraîner une dépression. Rappelons que d’autres études ont démontré que les fumeurs avaient plus de risques développer ou d’aggraver des problèmes psychologiques comme l’anxiété, la dépression ou la nervosité alors même qu’ils consommaient du tabac.
En France aussi les gens arrêtent de plus en plus de fumer. Si on compte toujours 15 millions de consommateurs de tabac dans le pays de la cigarette, selon le dernier baromètre de Santé Publique France, la prévalence du tabagisme quotidien est passée de 29,4% en 2016 à 26,9% en 2017 dans l'Hexagone, soit une baisse de 2,5 points. Ce qui concrètement, représente un million de fumeurs quotidiens en moins en un an. Des résultats que l'on doit à une série de mesures telles que le Mois Sans Tabac, le paquet neutre ou encore les différentes hausses du prix du paquet de cigarettes.