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Santé et justice

Plainte contre X dans l'affaire des bébés nés sans bras : une «bonne chose» pour celle qui a révélé les premiers cas

Dans une interview à France Info lundi 19 août, Emmanuelle Amar, qui a révélé l'affaire dite des "bébés sans bras", réagit à la plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui déposée par des parents vivant dans l'Ain.

Plainte contre X dans l'affaire des bébés nés sans bras : une \ Avril Morgan/iStock




"Les familles se trouvaient dans une impasse". Dans une interview à France Info lundi 19 août, Emmanuelle Amar, la directrice générale du registre des malformations en Rhône-Alpes a réagi à la plainte contre X pour "mise en danger de la vie d’autrui" déposée par les parents d’un bébé né avec une agénésie transverse du membre supérieur (AMTS) dans l’Ain en 2012. Après le rapport du comité d’experts recommandant d’abandonner l’enquête sur les bébés malformés dans l’Ain, les familles "n’avaient donc pas d'autre interlocuteur vers lequel se tourner que la justice et je pense que c'est peut-être une bonne chose", déclare celle qui a révélé l’affaire. 

Car la plainte, déposée au pôle de santé publique du tribunal de Marseille, va faire intervenir un magistrat indépendant. D’après Emmanuelle Amar, ce dernier sera plus à même de mener des investigations pour déterminer l’origine des malformations des bébés nés sans bras, avant-bras ou main entre 2009 et 2014 dans l’Ain, la Loire-Atlantique et le Morbihan. "Il offre une garantie d'indépendance et d'impartialité. La question n'est pas tant de chercher des responsabilités que de comprendre ce qui a pu se passer", avance-t-elle. 

"Ce qu'on peut déplorer, c'est qu'en général, pour trouver un agent toxique responsable, on a tout à gagner à rapprocher les informations. L'objectif est de repérer celles qui sont en commun avec les différents sites où des malformations ont été observées. Ça permet de faciliter leur exploitation, de rassembler les éléments de preuve", poursuit-elle, déplorant la conclusion du comité d’experts de l’Agence nationale de santé publique et de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation et de l'environnement (Anses).

"On n'a aucune idée de l’agent causal"

En juillet, après six mois de travail, les experts ont annoncé qu’il était très peu probable de parvenir à trouver les causes des malformations des bébés. Ils ont suggéré de poursuivre l’enquête dans le Morbihan, notamment sur les pesticides utilisés dans la région au moment des grossesses des mères, mais n’ont pas réussi à statuer pour la Loire-Atlantique, étant donné le manque de registre sur les drames. Quant à l’Ain, ils ont recommandé d’arrêter les investigations faute "d’excès de cas". D'où la colère des familles. 

"On comprend que les parents soient déçus. Aujourd'hui, on n'a aucune idée de l'agent causal et on a l'impression avec cette commission qui a décidé qu'il n'y aurait de recherches de faites qu'à Guidel (Morbihan), que tout est mis en œuvre pour qu'on ne le trouve jamais", déclare-t-elle. Et de conclure : "Il y a un problème de santé publique qui n'a pas été pris en considération". 

"La plupart des familles frappées étaient situées en bout de réseau d’alimentation d’eau"

Ces déclarations rejoignent globalement celles de l’avocat du couple qui a porté plainte. D’après lui, les sept malformations découvertes dans l'Ain ces dernières années pourraient être liées "à la mauvaise qualité des eaux, voire à des pollutions de nappes phréatiques, des hypothèses liées au réseau de distribution d'eau. Il a été noté que la plupart des familles frappées étaient situées en bout de réseau d'alimentation d'eau". "Toutes ces questions-là n'ont pas été traitées dans le cadre des investigations conduites par Santé publique France et l'Anses", expliquait-il lundi à France Info.

L’affaire dite des "bébés sans bras" a été révélée au grand public en octobre 2018 dans un reportage de France 2. Dans ce dernier, on découvre que plusieurs bébés présentent des AMTS dans différentes régions de France. Si les médecins ignorent la cause de ces malformations, les mamans ont toutes un point commun : elles vivent dans des zones rurales.

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