"La transplantation de coeurs de porcs à l'Homme sera possible d'ici à trois ans". Quarante ans après avoir réalisé la première transplantation cardiaque réussie au Royaume-Uni, Sir Terence English s’est exprimé sur la méthode controversée de la xénogreffe, qui propose de transplanter des organes de certains animaux aux humains, dans le Sunday Telegraph. Car un de ses assistants lors de l’opération de 1979 se prépare actuellement à effectuer une greffe de rein de porc à l’homme, a annoncé le médecin de 87 ans dans cette interview parue le vendredi 17 août. Une première mondiale.
Si elle réussit, cette opération qui aura lieu "avant la fin de cette année" ouvrira la voie à des greffes plus complexes, comme celle du cœur. "Si le résultat de la xéno-transplantation est satisfaisant pour l'homme avec les reins de porc, il est probable que le cœur sera utilisé avec de bons effets chez l'homme d'ici quelques années ", explique le chirurgien cardiologue britannique. "Si ça marche avec un rein, ça marchera avec un coeur. Cela transformera la question", assure-t-il, conscient des polémiques que cela engendrera.
"Des défenseurs des droits des animaux diront que c'est une mauvaise chose, mais si l'on peut sauver une vie (humaine), n'est-ce pas légèrement mieux ?", interroge-t-il.
De grandes similitudes anatomiques et physiologiques avec l’Homme
Cela fait déjà plusieurs années que les scientifiques étudient les organes de porc. Ces animaux présentant de grandes similitudes anatomiques et physiologiques avec les humains, ils pourraient ouvrir la voie à de nombreux nouveaux traitements.
En août 2017, des chercheurs d’Harvard ont fait parler d’eux en annonçant la possibilité de greffer des organes de porc à l’être humain. Dans leur étude parue dans la revue Science, ils révélaient avoir réussi à empêcher le rejet systématique de tissus porcins par le corps humain. Alors que la transplantation était jusque-là impossible en raison d’un virus cancéreux contenu dans l’ADN des cochons, les scientifiques ont réussi à l'extraire. Les animaux ont alors vécu en bonne santé avec des organes fonctionnels potentiellement transposables à l’homme.
Des milliers de personnes en attente d'une transplantation cardiaque dans le monde
Par ailleurs, de nombreuses expériences de xéno-transplantations cardiaques ont été menées sur des primates ces trois dernières années. En 2016, des scientifiques ont notamment réussi des greffes de porc chez les babouins, très proches de l’Homme, avec une durée record de survie des greffons de deux ans et demie.
Si on y arrive, la xénogreffe cardiaque pourrait changer la donne pour les milliers de personnes en attente de transplantations du cœur à travers le monde. A l’heure actuelle, seuls 3 500 implants cardiaques sont réalisés chaque année à échelle mondiale. Ainsi, le nombre de transplantés stagne alors que les besoins augmentent. En France, où 467 greffes cardiaques ont été réalisées en 2017, plus de 700 patients sont aujourd’hui inscrits sur la liste d’attente à une greffe du cœur.