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Alzheimer : des chercheurs réussissent à empêcher le développement de la maladie en laboratoire

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs ont réussi à prévenir le développement de la maladie d'Alzheimer chez des souris atteintes en bloquant certaines cellules. A terme, leur découverte pourrait permettre de mettre au point un nouveau traitement ciblé. 

tampatra/iStock

Aujourd’hui, plus de 35,6 millions de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer dans le monde et 7,7 millions nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Et d’après l’OMS, le nombre de malades devrait doubler tous les 20 ans pour finalement atteindre 152 millions en 2050. C’est pourquoi, de nombreux scientifiques travaillent à essayer de repérer Alzheimer le plus tôt possible.

Des chercheurs américains ont réussi à prévenir l’apparition de la maladie chez des souris de laboratoire, comme le révèle leur étude parue ce mercredi 21 août dans la revue Nature Communications. A terme, cette découverte pourrait permettre de mettre au point des traitements ciblés pour empêcher qu’elle ne se développe chez les humains. 

Des recherches précédentes avaient déjà montré que la plupart des risques génétiques d’Alzheimer sont activés dans les cellules du système immunitaire plus connues sous le nom de microgliocytes. Ainsi, ces cellules joueraient un rôle dans la maladie. "Cependant, nous n'avions pas compris exactement ce que font les microglies et si elles sont significatives dans le processus initial de la maladie d'Alzheimer", explique Kim Green, professeur agrégé en neurobiologie et comportement de l’Université de Californie. "Nous avons décidé d'examiner cette question en regardant ce qui se passerait en leur absence", développe-t-il.

Ces collègues et lui ont donc décider d’utiliser un médicament pour bloquer la signalisation de la microglie chez des souris atteintes d’Alzheimer. Ils ont alors pu constater que les rongeurs ne développaient pas de plaques bêta-amyloïdes, la pathologie caractéristique de la maladie.

La microglie, composante nécessaire au développement d’Alzheimer

"Ce qui est frappant dans ces études, c'est que nous avons constaté que dans les régions dépourvues de microglie, les plaques ne se sont pas formées", explique Green. "Cependant, dans les endroits où la microglie a survécu, des plaques se sont formées. Vous n'avez pas la maladie d'Alzheimer sans plaques, et nous savons maintenant que la microglie est une composante nécessaire au développement de la maladie d'Alzheimer."

Les scientifiques ont également découvert que quand les plaques sont présentes, les microgliocytes les perçoivent comme nocives et les attaquent. Cependant, l'agression désactive au passage les gènes des neurones nécessaires au fonctionnement normal du cerveau. "Ces découvertes montrent le rôle crucial de ces cellules dans le développement et la progression d’Alzheimer", se félicite Green.

Selon lui, cette étude est source d’espoir pour fabriquer des médicaments capables d’empêcher le développement de la maladie. "Nous ne proposons pas de retirer toute la microglie du cerveau", précise Green, conscient de l’importance de ces cellules pour réguler d’autres fonctions cérébrales. "Ce qui pourrait être faisable est de créer des traitements qui visent la microglie de façon ciblée", explique-t-il.

Près de 3 millions de personnes directement ou indirectement touchées en France

A terme, cette approche pourrait même aider à mieux comprendre d’autres troubles cérébraux. "Ces cellules immunitaires sont impliquées dans toutes les maladies neurologiques et même dans les lésions cérébrales (…) L'élimination de la microglie pourrait permettre aux chercheurs travaillant dans ces régions de déterminer le rôle des cellules et si le ciblage de la microglie pourrait être un traitement potentiel", conclut Green. 

Aujourd’hui en France, près de 3 millions de personnes sont directement ou indirectement touchées par d’Alzheimer, selon l’association France Alzheimer. Près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et d’ici 2020, l'Hexagone devrait compter 1 275 000 malades, s'inquiète l’association qui liste une série de symptômes pouvant alerter les proches des personnes atteintes. 

Car si Alzheimer commence à se manifester par une perte de la mémoire récente, de nombreux autres signes sont révélateurs. Il arrive ainsi souvent qu’un malade peine de plus en plus à effectuer des tâches simples du quotidien, notamment administrative, à s’orienter, ou même à s’habiller de façon cohérente. Il pourra également développer des troubles du langage et perdre des objets.