"La question est peut-être plutôt de supprimer l'alcool dans les loges VIP". La ministre de la Santé Agnès Buzyn refuse non seulement d’assouplir la loi Evin dans les stades de foot où l’alcool ne peut pas être vendu dans les tribunes mais elle envisage même de l’interdire aux usagers des loges VIP, comme elle l’a annoncé sur BFMTV mercredi 21 août.
Au mois de juillet, 105 députés de République en Marche ont déposé une proposition de loi pour "assouplir de manière encadrée" dans les stades la loi Evin, qui, depuis 1991, interdit la vente, la distribution et l’introduction de boissons alcoolisées dans les établissements d’activités physiques et sportives. Leur objectif étant d’étendre "l’octroi d’autorisations temporaires de vente d’alcool aux sociétés sportives", comme cela se fait déjà en Allemagne ou en Angleterre.
Hors de question pour la ministre de la Santé. "Je dis non à l'assouplissement de la loi Evin, parce que je pense que le sport est un moment idéal pour faire la promotion de la santé, pour donner envie aux jeunes d'avoir les bonnes habitudes, et donc ça n'est pas à ce moment-là où on a envie de voir de l'alcoolisation aigüe, voire de la violence. Et d'autre part, cet assouplissement permettrait aussi de faire de la publicité", a-t-elle expliqué au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV. Après avoir appris que l’on pouvait consommer de l’alcool dans les loges VIP, qu’elle ne fréquente "jamais", elle se demande par ailleurs si la vraie question n’est "pas plutôt" de l’y interdire là aussi.
"La ferveur n’a pas besoin d’alcool pour s’exprimer dans nos stades"
Cette déclaration fait suite à la polémique qu’elle avait provoquée sur les réseaux sociaux en prenant position contre la proposition de loi sur Twitter le 9 août. De nombreux internautes s’étaient insurgés contre l’hypocrisie d’interdire l’alcool aux spectateurs de tribunes alors qu’il coule à flot dans les loges VIP.
L'alcool tue 41 000 personnes chaque année dans notre pays. Chacun de ces décès est évitable.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) August 9, 2019
Ne laissons pas de nouvelles incitations à la consommation d'alcool se rendre complices de ce bilan.
La ferveur n'a pas besoin d'alcool pour s'exprimer dans nos stades.
La Fédération française d’addictologie (FFA) approuve en revanche cette déclaration. Dans une lettre ouverte à Agnès Buzyn, elle assure que "l’ensemble des acteurs de l’addictologie représentés par la FFA attend (…) que vous vous opposiez fermement et publiquement à ces basses manœuvres qui n’ont comme seul objectif de vider progressivement la loi Evin de l’ensemble des dispositions qui gênent le lobby alcoolier".
49 000 décès provoqués par l’alcool en France en 2009
En France, pays du vin par excellence, malgré une consommation en baisse depuis ces cinquante dernières années, l’alcool tue toujours énormément. En 2009, il aurait été responsable de 49 000 décès (36 500 chez les hommes et 12 500 chez les femmes). Et dans 40% des cas, la mort survient avant l'âge de 65 ans.
Les décès attribuables à l’alcool sont surtout des cancers (15 000) et des maladies cardio-vasculaires (12 000). Arrivent ensuite les maladies digestives comme la cirrohse et des accidents ou des suicides entraînés par une consommation abusive (8000 morts).