ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Au Canada, l'hôpital à l'écoute des patients pour améliorer les soins

Confiance

Au Canada, l'hôpital à l'écoute des patients pour améliorer les soins

Par Raphaëlle de Tappie

D'après une nouvelle étude menée au Canada, demander aux patients de rapporter leur expérience dans les hôpitaux pourrait grandement aider à améliorer la qualité des soins.

monkeybusinessimages/iStock

Depuis quelques années, on entend de plus en plus le terme de "démarche centrée sur le patient". D’après la Haute Autorité de Santé (HAS), elle "s’appuie sur une relation de partenariat avec le patient, ses proches, et le professionnel de santé ou une équipe pluri-professionnelle pour aboutir à la construction ensemble d’une option de soins, au suivi de sa mise en œuvre et à son ajustement dans le temps". Ainsi, le patient n’est plus réduit à ses symptômes ou à sa condition médicale.

Cette méthode "considère qu’il existe une complémentarité entre l’expertise des professionnels et l’expérience du patient acquise au fur et à mesure de la vie avec ses problèmes de santé ou psychosociaux, la maladie et ses répercussions sur sa vie personnelle et celle de ses proches". D’après une nouvelle étude menée au Canada et parue dans le Canadian Journal of Cardiology, demander aux patients de rapporter leur expérience dans les hôpitaux pourrait grandement aider à améliorer ce qui peut l’être.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les réponses de la Canadian Patient Experience Survey réalisée sur un peu plus de 1000 patients cardiaques à Alberta qui ont subi un pontage coronarien et/ou un remplacement valvulaire entre avril 2014 et mars 2018 dans 93 hôpitaux différents d’Alberta. Les patients ont répondu à 56 questions après être rentrés chez eux. Celles-ci concernaient la communication avec les médecins et les infirmières, les médicaments, la participation du malade aux soins, le contrôle de la douleur, l’environnement physique ou encore la coordination des soins. Les participants devaient répondre sur une échelle de 0 à 10. Dans l’ensemble, les résultats étaient très positifs, ont remarqué les chercheurs. En effet, plus de 73 % des sondés ont donné 9 ou 10 à l’ensemble de leurs soins.

Pas assez d’informations sur les éventuels effets secondaires des médicaments

Mais ces réponses ont également permis d’identifier les domaines qui pourraient être améliorés. Par exemple, moins de 40% ont déclaré que l’espace autour de leur chambre était toujours calme la nuit et seuls 45% ont noté que le personnel de l’hôpital prévenait toujours des potentiels effets secondaires des nouveaux médicaments administrés.

"A notre connaissance, il s’agit de la première étude de la sorte au Canada qui fait le lien entre le retour du patient et des données collectées administrativement pour examiner la compréhension de l’hôpital sur un groupe clinique particulier", commente Kyle A.Kemp, de l’Université de Calgary qui a mené l’étude. "Examiner l’expérience des patients qui ont subi des procédures cardiaques comme un remplacement de valve peut avoir une valeur énorme étant donné la nature coûteuse de ces procédures et le travail nécessaire", poursuit-il.

"Ces découvertes sont importantes parce qu’historiquement beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer les soins hospitaliers par des administrateurs ou des médecins, le plus souvent sans demander son avis au patient", ajoute-t-il.

Et de conclure : "En étant la première étude canadienne de ce genre, il y a une opportunité pour servir de base de données (…) à Alberta et dans d’autres provinces canadiennes. La méthodologie de l’étude peut également être reproduite à d’autres endroits au Canada et dans le monde pour examiner l’expérience d’autres groupes cliniques comme par exemple les femmes qui accouchent ou les seniors qui vivent avec des pathologies cliniques".

En France, des retours de patients globalement positifs

Pour Michelle M. Graham (Université d’Alberta) et Colleen M. Norris (Mazankowski Alberta Heart Institute), cette étude est "un pas dans la bonne direction". Elle  représente "le premier échelon vers l'atteinte du triple objectif tant recherché, amélioration de la santé, amélioration de l'expérience des soins et réduction des coûts du système des soins de santé au Canada", commentent-elles dans un éditorial en marge de l’étude.  

En France, les autorités sanitaires cherchent de plus en plus à impliquer le patient dans son parcours de soin. Depuis quelques années, la HAS essaye de mesurer la satisfaction des personnes hospitalisées "plus de 48 heures en médecine, chirurgie, obstétrique".  Fin 2017, elle a publié un rapport au bilan globalement positif. Sur 122 060 patients interrogés, 85% d’entre eux déclarent avoir eu une bonne opinion de l’ensemble de leur séjour à l’hôpital.

Par ailleurs, 60% des sondés recommanderaient l’établissement où ils ont été hospitalisés tandis que 5% seulement en dissuaderaient les autres. Dans le détail, les malades ont surtout apprécié la prise en charge par les infirmières et les aides soignants ainsi que leur écoute. Enfin, presque tous les patients se sont déclarés satisfaits ou très satisfaits du respect de leur intimité (89%) et du secret professionnel (94%).