C’est l’achat tabou par excellence en pharmacie. Si une Française sur trois a déjà pris la pilule du lendemain pour ne pas tomber enceinte après un rapport non protégé, cette contraception d’urgence a encore mauvaise presse. D’après une enquête publiée début juillet par Santé publique France, 54,3% des moins de 30 ans la considèrent comme dangereuse. Et pour cause, de nombreux pharmaciens mettent en garde contre des troubles du cycle, des maux de tête ou de ventre, des saignements ou encore des nausées. Sur les réseaux sociaux on peut même lire qu’elle pourrait à terme rendre les femmes stériles. Pourtant, plusieurs études montrent qu’il n’y a pas de quoi avoir peur. Pourquoi Docteur démêle ici le vrai du faux.
1/ La pilule du lendemain n’entraîne pas de décès
Dans un rapport validé par la Fédération internationale de gynécologie paru l’an dernier, on peut lire qu’aucun "décès ou complication sérieuse" n’a jamais été lié à la prise de contraception d’urgence. Alors que la pilule classique est de moins en moins plébiscitée par les femmes en France, beaucoup prennent la pilule du lendemain en appréhendant son dosage hormonal. "Dans une pilule contraceptive que l’on prend tous les jours, il y a 150 microgrammes de progestérone. Dans la pilule du lendemain la plus vendue en France, il y a 1,5 milligramme, c’est dix fois plus, mais ça reste une dose très faible", explique Marianne Niosi, présidente de la fédération Ile-de-France du Planning familial, à Libération.
2/ Les effets secondaires se résolvent d’eux-mêmes
"Souvent, la progestérone n’a pas d’effet secondaire très important, et quand il y en a, ils disparaissent en vingt-quatre heures", précise Marianne Niosi. S’il arrive que quelques femmes souffrent des effets secondaires annoncés par les pharmaciens, ces effets se résolvent "en général dans les 24 heures", assure par ailleurs le rapport.
3/ La pilule du lendemain ne rend pas stérile
Contrairement à ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux, la pilule du lendemain n’entraîne aucunement la stérilité, même si on la prend à plusieurs reprises. "Toute modalité contraceptive n'est efficace qu'au moment de la prise. Comme une contraception œstroprogestative au long cours (la pilule standard) n'est pas délétère pour la fertilité. Quand on a un oubli de comprimé œstroprogestatif, on peut tomber enceinte, ce qui prouve bien que c'est une efficacité seulement au moment où on la prend. Pour la contraception d'urgence, c'est la même chose", assure Brigitte Letombe, gynécologue au Centre hospitalier de Lille, à France Info.
4/ Elle protège plus de 24 heures
Selon le sondage de Santé Publique France, 40% des moins de 30 ans pensent que la contraception d’urgence n’est active que dans les 24 premières heures après un rapport sexuel non protégé. Ce qui est complètement faux : le délai d’efficacité de la pilule du lendemain va jusqu’à cinq jours après la relation, soit cinq fois plus longtemps.
Selon Santé Publique France, cette mauvaise connaissance de la pilule du lendemain serait due à son nom même. Ce qui "peut entraîner une absence de recours passé ce délai alors même que l'efficacité de la contraception d'urgence est encore suffisante pour éviter une grossesse non prévue".
Toutefois, pour agir au mieux, la contraception d’urgence doit être prise le plus rapidement possible après le rapport (95% d’efficacité si elle est prise dans les 24 heures, 60% si elle est prise dans les 48 heures…). Après l’avoir ingérée, il est par ailleurs conseillé d’utiliser des préservatifs durant au moins 7 jours. Deux semaines plus tard, un test de grossesse s'impose.
Rappelons enfin qu’il existe un autre contraceptif d'urgence encore plus efficace : le stérilet au cuivre. Moins pratique que la pilule du lendemain car il doit être posé par un professionnel, il assure toutefois 99% d’efficacité, même cinq jours après un rapport non protégé.
5/ Elle n'interrompt pas la grossesse
Alors que certains hommes politiques sud-coréens ou polonais assimilent la contraception d’urgence à un avortement, les deux choses sont complètement différentes, la pilule du lendemain empêchant l'ovulation. "Cela signifie qu'on n'aura pas rencontre entre le spermatozoïde et l'ovocyte. Il n'y aura pas la possibilité d'un embryon puisqu'il y aura un décalage de l'ovulation par rapport au rapport sexuel. Cela n'est pas du tout comme empêcher l'évolution d'un embryon", explique Brigitte Letombe à France Info.
6/ Peu de femmes l’utilisent comme méthode contraceptive de base
D’après des recherches menées en 2013 par par la Haute Autorité de santé (HAS), 60% des femmes utilisant une contraception d’urgence le font car elles ont oublié de prendre leur pilule ou que le préservatif a craqué. Seules 17% l’utilisent sans autre méthode contraceptive. Par ailleurs, même si elle s’achète désormais sans ordonnance en pharmacie, la vente se maintient autour d’un million par an. Soit "un chiffre en légère baisse entre 2013 et 2015", notait Santé publique France l’année dernière.