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Pronostic

Un simple test sanguin pour prévoir le risque de décès à 5 ou 10 ans

Par Thierry Borsa

Il serait possible de prédire la mortalité à échéance de cinq ou dix ans à partir d'un simple test sanguin. C'est la conclusion d'une étude qui a permis d'identifier des biomarqueurs offrant un pronostic relativement fiable.

Daliu/iStock

Savoir si l'on risque de décéder dans les 5 ou 10 ans à venir ... Ce serait possible à partir d'un simple test sanguin, selon une équipe de chercheurs qui a identifié 14 biomarqueurs spécifiques permettant de prédire de façon relativement fiable la mortalité à une échéance de quelques années.

Actuellement, on peut prédire assez précisément la mortalité chez des patients âgés au cours de leur dernière année de vie grâce aux données cliniques de ces patients qui permettent de dresser un bilan de leur état de santé et d'un déduire un pronostic à court terme.

Pas de consensus sur les facteurs de risque

Pour être en mesure de réaliser un pronostic à plus long terme, "il n'y a pas actuellement de consensus sur l'ensemble des facteurs prédictifs du risque de mortalité entre 5 et 10 ans", souligne Eline Slagboom, épidémiologiste moléculaire et chercheuse en vieillissement au centre médical de l'université de Leiden aux Pays-Bas qui a participé à la nouvelle étude publiée dans la revue Nature Communications.

En effet, les facteurs de risque conventionnels de la mortalité à l'âge moyen tels que la pression artérielle et le cholestérol ne correspondent pas réellement au risque de mortalité chez les patients âgés. Mais l'équipe d'Eline Slagboom, en analysant les échantillons de sang provenant de 44 168 personnes âgées de 18 à 109 ans d'origine européenne, a identifié 14 biomarqueurs métaboliques associés indépendamment à la mortalité. Pour évaluer dans quelle mesure ces biomarqueurs indiquaient un risque réel de décès, les chercheurs les ont analysés par rapport à un groupe de 7 600 patients finlandais étudiés en 1997.

Une précision d'environ 83%

Sur les 1 213 personnes de ce groupe qui sont décédées au cours du suivi, les 14 biomarqueurs identifiés avaient prédit leur décès avec une précision d'environ 83%, proportion qui dépasse nettement les prévisions qui ne reposent que sur les facteurs de risque de décès conventionnels.

"Si nous pouvons identifier les personnes âgées vulnérables avec cette mesure basée sur le sang, l'étape suivante consiste à anticiper cette vulnérabilité", explique Eline Slagboom. Autrement dit, ces biomarqueurs capables de prédire le décès à moyen terme pourraient aussi être utilisés pour faire mentir ce pronostic en permettant de mieux orienter les soins des patients !

De nombreuses validations à apporter

Mais de nombreux experts estiment qu'il reste de nombreuses validations à apporter à cette étude pour que les résultats de tels tests sanguins puissent être utilisés dans des environnements cliniques : validation de la répétabilité du test dans différents laboratoires, production d'échantillons de référence et validation de tous les composants du panel.

Les auteurs de l'étude reconnaissent par ailleurs que le nombre de biomarqueurs mesuré dans leurs travaux ne représentent qu'une fraction des métabolites dans le sérum humain ce qui nécessite de travailler sur des systèmes de spectrométrie plus avancés qui devraient fournir des prédictions plus fiables.