Des applications utilisant la réalité virtuelle pour immerger le cerveau des patients dans des simulations très réalistes afin de les aider à affronter leurs névroses vont venir au secours d'une psychiatrie chinoise qui souffre d'une pénurie de professionnels et de freins culturels encore omniprésents.
Cette méthode de soins psychiatriques reprend le principe du simulateur avec lequel, en France, on parvient à soigner les personnes qui souffrent de la peur de l'avion. Celle-ci se soigne par l’expérience virtuelle d’un décollage et d’un atterrissage tout en restant fermement au sol.
Des résultats impressionnants
Cette méthode appliquée à des soins psychiatriques plus lourds a déjà montré des résultats impressionnants. Une femme, ayant le vertige, avait réussi à monter calmement un escalator après 3 heures de traitement par réalité virtuelle. De même, plusieurs chercheurs dans le monde ont testé cette technologie et ont constaté des résultats prometteurs. Ainsi, en mars 2019, JAMA Psychiatry a publié une étude scientifique utilisée dans de multiples domaines, sur le traitement de l’acrophobie ou la peur des lieux élevés, par réalité virtuelle et sans thérapeute. Il en a résulté que le traitement était non seulement bien reçu par les patients mais qu’il était peu coûteux et, surtout, avait donné des résultats probants.
2,2 psychiatres pour 100 000 habitants
Si la Chine offre un terrain particulièrement propice à l’exploitation de la réalité virtuelle dans le domaine psychiatrique, c’est en premier lieu parce qu'elle manque de psychiatres. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de psychiatres en Chine est 4 fois inférieur à la moyenne mondiale avec une concentration de 2,2 praticiens pour 100.000 habitants (par comparaison, cette concentration est de 10,5 aux Etats-Unis).
En second lieu, la crise des professionnels de santé en Chine fait que certains psychiatres reçoivent plus de 100 patients par jour. Résultat, ils délèguent généralement à un assistant pendant qu’ils consultent le prochain patient.
La stigmatisation de ceux qui souffrent de troubles mentaux
Une autre raison de ce passage à la réalité virtuelle dans plusieurs domaines de la psychiatrie chinoise, le niveau élevé de stigmatisation des personnes présentant des problèmes mentaux. En effet, 90% des personnes souffrant de tels troubles en Chine sont réticentes à l’idée de demander de l’aide auprès des services psychiatriques par peur d’être stigmatisées. Les traitements par la réalité virtuelle peuvent abattre ces barrières culturelles car ces traitements peuvent se dérouler dans l’intimité du domicile des patients via une interface semblable à celle d’un joueur.
On estime qu’il y a plus de 100 sociétés d’intelligence artificielle œuvrant aujourd'hui dans les applications médicales en Chine.