Alors que le cannabis thérapeutique est autorisé depuis 2010 en Arizona (Etats-Unis), des politiques réfléchissent actuellement à le légaliser à des fins récréatives. Toutefois, de nombreux jeunes de cet Etat fument déjà régulièrement, s’inquiètent les chercheurs. Selon une étude parue ce lundi 26 août dans la revue Pediatrics, près d’un adolescent sur quatre aurait déjà consommé une forme très puissante de cannabis, connue sous le nom de concentré de marijuana. Familièrement, on parle de dabbing.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université d’Etat d’Arizona ont étudié les résultats de l’Etude sur la jeunesse d’Arizona, menée sur 50 000 collégiens et lycéens de la région, âgés de 13 à 18 ans. Ils ont ainsi découvert que 33% d’entre eux avaient déjà essayé une sorte de marijuana et près d’un quart (24%), un concentré de marijuana. Ce dernier contient environ trois fois plus de THC, le cannabinoïde le plus abondant et le plus présent dans le cannabis, que dans une plante classique. Cela est très inquiétant car de plus fortes de doses de THC ont été liées à un risque augmenté d’addiction, notent les chercheurs.
Ainsi, les ados qui consomment des concentrés sont plus à risque de devenir accros. En les comparants aux autres utilisateurs de cannabis, les scientifiques se sont rendus compte qu’ils se rendaient moins bien compte des possibles risques et étaient davantage en situation d’échec scolaire. Leurs parents avaient également plus tendance à consommer.
Masquer leur consommation de drogue grâce à l'e-cigarette
"Cela est important parce que cela montre que les ados qui présentent un large éventail de facteurs de risque de développer une dépendance à la marijuana peuvent augmenter encore plus leur risque de dépendance en utilisant des concentrés de marijuana à haute teneur en THC", explique Dustin Pardini, co-auteur de l'étude.
Dans cette dernière, les chercheurs ont également constaté que les ados qui consommaient des concentrés utilisaient d’avantage la cigarette électronique, probablement pour masquer leur consommation. "On peut faire passer le vapotage de marijuana pour du vapotage de nicotine", explique Madeline Meier, qui a mené l’étude.
Alors qu’une trentaine de jeunes ayant pour habitude de vapoter régulièrement, pour certains des huiles contenant de la marijuana, ont été hospitalisés ces dernières semaines aux Etats-Unis pour de graves problèmes respiratoires, ces résultats renforcent la récente décision de la Food and Drug Administration. En mars, l’Agence a présenté des mesures pour imposer de nouvelles restrictions sur les e-cigarettes et certains liquides afin d’en réduire la consommation sur les jeunes Américains, de plus en plus séduits par ce procédé.
La marijuana "n'est pas inoffensive, surtout pour les ados"
Les concentrés de marijuana diffèrent de la plante de cannabis habituelle. Ils peuvent ressembler à de la cire ou à de l’huile. Ainsi, de nombreux parents n’ont aucune idée de ce que leur enfant consomme, s’inquiètent les chercheurs. "La marijuana n'est pas inoffensive, surtout pour les adolescents", insiste Meier qui a déjà prouvé que la consommation fréquente de cannabis de l’adolescence à l’âge adulte était associée à un déclin du QI.
Dans le passé, son collègue Pardini avait quant à lui établi un lien entre la consommation régulière de marijuana à l’adolescence et l’apparition de symptômes psychotiques persistants. Aussi, désormais, les chercheurs comptent déterminer si les utilisateurs de concentrés présentent des taux plus élevés de toxicomanie, de troubles cognitifs et de psychose.
Il n’y a pas qu’au Colorado que les concentrés gagnent en popularité. De plus en plus de personnes essayent d’en fabriquer elles-mêmes, quitte à mettre leur vie en danger. Au Royaume-Uni, deux personnes sont mortes ces dernières années en en produisant à domicile tandis que 27 blessures y ont directement été liées. Par ailleurs, beaucoup de consommateurs ont rapporté des effets secondaires beaucoup plus fort que ceux à quoi ils s’attendaient. Certaines personnes ont ainsi souffert d’évanouissements, d’hallucinations ou encore de paralysie momentanée.