Cette histoire (vraie) reflète probablement le cauchemar de beaucoup d’hommes. Ce mois-ci, aux Etats-Unis, des médecins ont découvert une calcification totale tout le long du pénis d’un homme de 63 ans qui se plaignait d’une douleur au genou après être tombé sur un trottoir. Il s’agit d’une forme très rare de la maladie de La Peyronie, explique la revue Urology Case Report dans un article à paraître en septembre.
Tout commence quand le sexagénaire tombe sur les fesses sur le trottoir cet été. Des patients l’aident à se relever. S'il parvient à remarcher, cette chute déclenche une douleur lancinante au niveau de son genou gauche. Cette dernière ne disparaissant pas, il se décide à aller consulter aux Urgences de l’hôpital Lincoln à New York. Après avoir écouté son récit, les médecins effectuent une radio pelvienne. Ils découvrent alors avec stupeur que la totalité du corps du pénis (composé des corps érectiles permettant l’érection) est en train de s’ossifier.
"Une simple radiographie aux rayons X a montré une ossification pénienne de la totalité du corps du pénis qui pourrait être secondaire à la maladie de Lapeyronie", écrivent les auteurs de l’article. Malgré cet inquiétant diagnostic, le patient décide de quitter l’hôpital et disparaît dans la nature, déplorent les spécialistes. Impossible donc de lui faire passer des examens complémentaires, de réaliser une biopsie de la masse calcifiée ou même d’organiser un suivi médical.
"Un historique médical d’alcoolisme"
La calcification du pénis est l’un des symptômes de la maladie de La Peyronie, déformation du pénis qui touche entre 3,4 % et 9 % des hommes, principalement âgés de 55 à 65 ans. Dans 20 % des cas, des ossifications se forment, aboutissant à un durcissement du pénis qui devient comme un os. Cette sclérose du corps caverneux serait liée à l’accumulation de sels de calcium dans les tissus mous ou résulterait d’un processus métaplastique (transformation d’un tissu cellulaire en un autre tissu cellulaire) engendré par un traumatisme répété ou un état inflammatoire chronique.
Alors que certaines études montrent un lien avec l’obésité, le diabète, le tabac ou un déficit en testostérone, le patient de New York présentait "un historique médical d’alcoolisme", rapportent les médecins.
Mais les cas d’ossification complètes sont extrêmement rares. En effet, moins de 40 histoires de ce genre ont été rapportés dans la littérature médicale internationale. La première a été racontée en 1827 : l’ossification concernait la totalité de la longueur du corps du pénis. En 1899, des médecins évoquent ensuite l’ossification des corps caverneux d’un patient diabétique de 55 ans.
Différents traitements possibles en fonction de l’étendue du mal
Quant au traitement de l’ossification du pénis, il dépend de l’étendue de l’ossification pénienne et des symptômes du malade. En fonction de ces derniers, il se verra administrer des crèmes, des analgésiques, une thérapie par ondes de choc ou encore des injections dans les lésions. En 2015, un nouveau traitement du nom de Xiapex a été autorisé en France. S’injectant directement dans la plaque en formation où il dissout les fibres de collagène, il montre des résultats prometteurs avec une amélioration notable chez les deux tiers des patients, selon l’Association française d’urologie.
En cas de douleurs sévères chroniques ou de troubles de l’érection, le malade pourra se faire opérer : les chirurgiens retirent les plaques caverneuses et insèrent un greffon pour compenser le creux. Enfin, des médecins ont récemment posé une prothèse pénienne gonflable à un patient. Ce dernier était atteint d’’une ossification du pénis qui avait entraîné une dysfonction érectile rebelle aux médicaments.