Plus de 35,6 millions de personnes sont touchées par Alzheimer dans le monde et 7,7 millions nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, d’après l’OMS qui alerte sur l’augmentation croissante de la maladie. En effet, le nombre de personnes atteintes devrait doubler tous les 20 ans pour finalement atteindre 152 millions en 2050. Toutefois, des chercheurs ont peut-être trouvé un moyen d’éviter l’apparition de cette affliction chez les personnes à risque. En effet, alors que les gens dont la mère souffre d’Alzheimer sont plus susceptibles de développer la maladie à leur tour, une alimentation riche en matière grasse pendant la grossesse pourraient les protéger, révèle une nouvelle étude parue le 27 août dans la revue Molecular Psychiatry.
"Chez l'humain, on sait que les personnes dont la mère développe la maladie d'Alzheimer après l'âge de 65 ans courent un risque accru de développer la maladie à peu près au même âge", explique le Docteur Pratico de la Temple University aux Etats-Unis en préambule du papier. Or jusqu'alors, aucun gène responsable d'une supposée transmission maternelle n'a pu être identifié. Cela suggère donc que des facteurs environnementaux tels que le mode de vie ou l’alimentation adaptée pendant la grossesse, période au cours de laquelle la mère et le bébé sont en étroite interaction, pourraient avoir une influence notable sur le risque pour l’enfant de développer la maladie plus tard.
"Meilleures capacités d'apprentissage et de mémoire"
Pour mieux comprendre la relation unique entre un Alzheimer maternel et le risque chez l’enfant, ses collègues et lui se sont intéressés à des souris modifiées pour développer la maladie et en ont soumis certaines à une alimentation riche en graisses tout au long de leur grossesse. Après la naissance et au cours de l’allaitement, les mères sont passées à un régime alimentaire classique.
Quand les souriceaux ont eu 11 mois, les chercheurs leur ont fait subir des tests comportementaux. "Étonnamment, nous avons constaté que les animaux dont les mères avaient reçu une alimentation riche en matières grasses pendant la gestation avaient de meilleures capacités d'apprentissage et de mémoire que leurs homologues nés de mères ayant reçu une alimentation régulière pendant la gestation", note le Dr Praticò.
Des taux plus faibles de bêta-amyloïde
Dans le détail, les bébés de mères soumises à un régime riche en graisses ont présenté une amélioration significative de la fonction synaptique en comparaison aux autres. Les synapses sont les lieux où les neurones se rassemblent pour relayer l’information. Elles jouent un rôle vital dans l’apprentissage et la formation de la mémoire.
Qui plus est, ces enfants présentaient des taux plus faibles de bêta-amyloïde, une protéine anormale qui s'accumule dans les neurones, contribuant au dysfonctionnement des cellules nerveuses et éventuellement à des troubles importants de la mémoire et de l'apprentissage
Puis, en cherchant les possibles mécanismes à l’origine de cet effet positif, les chercheurs ont découvert que la progéniture des mères qui avaient eu une alimentation riche en gras présentaient des taux réduits de trois gènes impliqués dans Alzheimer : la bêta-sécrétase, la tau et le gène pathologique CDK5 régulateur de la tau.
La protéine FOXP2 en jeu
Dès les premiers stades de développement, l’alimentation riche en gras des mères avait désactivé ces trois gènes en augmentant l’activité de la protéine FOXP2. Cette dernière protégerait donc les enfants du déclin ultérieur des fonctions cérébrales et du développement d’Alzheimer.
Ainsi, "nos résultats suggèrent que, pour être efficace, la prévention de la maladie d'Alzheimer doit probablement commencer très tôt dans la vie, pendant la gestation", explique le Dr Praticò. "L'alimentation à ce stade spécifique de la vie peut avoir des impacts critiques, mais sous-estimés, à long terme, sur la santé du cerveau", conclut-il. Ses collègues et lui comptent désormais comparer les effets d’une alimentation riche en matière grasse à ceux de régimes riches en sucres et en protéines et à ceux de modes alimentaires de style méditerranéen.
Près de 225 000 nouveaux cas d’Alzheimer diagnostiqués chaque année en France
Il y a peu de temps, des chercheurs avaient démontré que ce dernier pouvait protéger les personnes âgées du déclin cognitif. D’après eux, ce régime riche en légumes, en huile d’olive, en céréales complètes et en produits laitiers fermentés, permettrait en effet d’améliorer la connectivité du cerveau et les performances aux tests cognitifs.
Aujourd’hui en France, près de 3 millions de personnes sont directement ou indirectement touchées par d’Alzheimer, selon l’association France Alzheimer. Près de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et d’ici 2020, l'Hexagone devrait compter 1 275 000 malades, s'inquiète l’association.