Royaume-Uni, Grèce, Albanie et République tchèque. Avec respectivement 953, 2 193, 1 466 et 217 cas recensés en 2018, ces quatre pays ne sont désormais plus officiellement considérés comme débarrassés de la rougeole, en pleine explosion en Europe. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la région, qui compte 53 États dans sa définition, perd du terrain dans l’élimination de cette maladie extrêmement contagieuse. C’est pourquoi, l’Organisation appelle ce jeudi 29 août à relancer la vaccination "dans chaque communauté et foyer".
Au cours des six premiers mois de l’année 2019, 89 994 cas de rougeole ont été recensés sur le continent européen, entraînant 37 décès. En 2018, où 84 462 cas ont été dénombrés sur toute l’année, la maladie a provoqué 74 morts. L’OMS définit l’élimination de la rougeole comme l’absence de transmissions de la maladie continue pendant 12 mois. Aujourd’hui, seuls 35 des 53 États de la région Europe ont réussi à atteindre cet objectif contre 37 en 2017, s’inquiète-t-elle.
Ce premier semestre, quatre foyers de contagion prédominaient en Europe et concentraient 78% des cas rapportés dans la région : l’Ukraine, le Kazakhstan (10 %), la Géorgie (4 %) et la Russie (3 %). "Les gros efforts afin de contrôler cette maladie hautement contagieuse nous ont fait faire de grands pas vers son élimination régionale. C’est le moment et une occasion de s’attaquer aux défis en matière de système de santé, de déterminants sociaux et sociétaux qui ont permis à ce virus de persister dans cette région", déclare Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de la région Europe de l’OMS.
"Il ne suffit pas de parvenir à une couverture vaccinale élevée"
Toutefois, même dans des pays plus développés, des cas ont été recensés. En France, au 21 août, on comptait pas moins de 2 381 cas depuis le début de l’année. Mais la rougeole étant depuis le 1erjanvier 2018 dans la liste des vaccinations obligatoires pour les enfants, le pic épidémique est passé chez nous et le nombre de cas diminue, selon Santé publique France. A l’heure actuelle, la maladie est actuellement endémique dans 11 autres pays, dont l’Allemagne, qui imposera quant à elle la vaccination à tous à partir de mars 2020.
Quant au Royaume-Uni (489 cas recensés depuis le 1er janvier 2019), à la Grèce (28), à l’Albanie (475) et à la République tchèque (569), ils sont la preuve qu’une couverture vaccinale élevée ne fait pas tout. "Chacun de ces pays est un exemple de couverture vaccinale nationale extrêmement élevée. Il ne s’agit donc pas d’exemples de pays dont les systèmes (de santé) sont particulièrement faibles", commente Kate O’Brien, la directrice du département Vaccination à l’OMS. "Je pense que c’est un signal d’alarme pour le monde entier : il ne suffit pas de parvenir à une couverture vaccinale élevée, il faut le faire dans chaque communauté et dans chaque foyer", insiste-elle.
"La reprise de la transmission de la rougeole est préoccupante. Si l’on ne parvient pas à une couverture vaccinale élevée et durable dans chaque communauté, tant les enfants que les adultes en pâtiront inutilement et pour certains auront une mort tragique", renchérit Günter Pfaff, président de la Commission régionale de vérification de l’élimination de la rougeole et de la rubéole.
Une épidémie largement sous-estimée
Extrêmement contagieuse, la rougeole est une infection virale éruptive aigüe qui touche surtout les enfants à partir de l’âge de cinq-six mois et les jeunes adultes. Elle infecte les voies respiratoires puis se propage à tout l’organisme.
La période de propagation du virus commence 2 à 6 jours avant l'apparition de l'éruption cutanée. La maladie se transmet habituellement par contact direct ou par l’air. Le risque diminue toutefois à partir du deuxième jour suivant l'apparition de l'éruption. Chez les jeunes enfants, il arrive que des complications surviennent, comme des encéphalites qui peuvent avoir séquelles très graves, voire entraîner la mort.
D’après l’OMS, la quantité des cas de rougeole dans le monde a été multipliée par trois entre la période allant du 1er janvier au 31 juillet 2018 (129 239) et les sept premiers mois de cette année (364 808). Mais malheureusement, moins d’un cas sur dix serait signalé. Aussi, l’épidémie serait bien plus grave que ce que montrent les statistiques officielles, déjà très inquiétantes.