En 2018, le sida a tué 770 000 personnes dans le monde. Si cela représente un tiers de moins qu’en 2010, la lutte contre le VIH ne progresse pas assez rapidement, s'inquiète l’Onusida, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida. C’est pourquoi, les chercheurs multiplient les études afin de trouver des traitements efficaces contre ce fléau. Récemment, des scientifiques espagnols ont fait une découverte qui pourrait peut-être mener à de nouveaux médicaments anti-VIH. D’après leur étude parue jeudi 29 août dans la revue PLOS Pathogens, une mutation génétique particulièrement rare à l’origine d’une maladie musculaire affectant une centaine de personnes, pourrait représenter une immunité naturelle contre le sida.
Le "patient de Berlin"
Il s'agit de la deuxième anomalie génétique identifiée pour induire une forte résistance à l'infection à VIH-1 chez les humains, notent les chercheurs. En 2007, le fameux patient de Berlin, Thimoty Brown, contaminé en 1995 par le virus du sida, était "redevenu séronégatif" après avoir reçu une greffe de cellules-souches. Les chercheurs avaient alors découvert qu’une mutation rare du gène gène CCR5 conférait une immunité naturelle contre le VIH. Puis, quelques années plus tard, des scientifiques espagnols se sont intéressés aux membres d’une même famille tous atteints d’une maladie musculaire rare du nom de dystrophie musculaire des ceintures de type 1F (LGMD1F).
Les myopathies des ceintures (ou dystrophies musculaires des ceintures) constituent un ensemble de maladies musculaires qui diffèrent, parfois beaucoup, les unes des autres. Elles toucheraient environ 5 à 6 personnes sur 1 million. Elles sont d’origines génétiques : plus de trente gènes impliqués dans l’apparition et la transmission de ces maladies ont été identifiés. A chaque gène, correspond une forme distincte de myopathie des ceintures. Chez la famille espagnole, les chercheurs ont découvert une mutation concernant le gène Transportine-3 ou TNPO3.
Une piste intéressante pour empêcher la maladie
Celui-ci jouant un rôle dans le transport du virus du sida à l’intérieur des cellules, ils ont contacté des généticiens à Madrid. Ces derniers ont eu l’idée de tenter d’infecter en laboratoire le sang des malades avec le virus du sida. Ils ont alors découvert avec étonnement que les lymphocytes des personnes présentant cette maladie musculaire étaient naturellement résistants au VIH. Ce dernier n’arrivait pas à rentrer dans les cellules. "Cela nous aide à comprendre beaucoup mieux le transport du virus dans la cellule", explique à l'AFP José Alcami, le virologue de l'Institut de santé Carlos III à Madrid à l’origine de l’étude.
Le VIH a beau être le virus le plus connu, "il y a encore beaucoup de choses qu'on connaît mal. Par exemple, on ne sait pas pourquoi 5% des patients qui sont infectés ne développent pas de sida. Il y a des mécanismes de résistance à l'infection qu'on comprend très mal", poursuit-il. Quoiqu’il en soit, le gène TNPO3 semble une piste intéressante pour empêcher au virus du sida de se développer, s’enthousiasment les chercheurs.
En attendant, le succès de la PrEp semble se vérifier
Actuellement, outre le préservatif bien sûr, le traitement préventif du sida le plus populaire est la PrEp, de plus en plus utilisée par les jeunes homosexuels dans les pays occidentaux. D’après étude française parue en juillet et réalisée sur 3 000 personnes pendant trois ans, cette méthode serait efficace à quasiment 100% et bien tolérée par les patients.
Cet été, un laboratoire américain a d'ailleurs annoncé avoir mis au point un nouvel implant sub-cutané, capable de délivrer ce traitement pendant au moins un an. L’appareil a été testé avec succès sur 16 patients seins pendant trois mois. La phase 2 de l’essai clinique a été lancée.