Entre 30 et 60% des personnes infectées par le virus chikungunya soufrent de douleurs articulaires similaires à l’arthrite. Chez certains patients, cela persiste entre trois et quatre ans après la guérison des autres symptômes. Des chercheurs de l’école de médecine de l’université de Washington ont émis une hypothèse : le virus persiste dans l’organisme sous des formes non-détectables. Dans PLOS Pathogens, ils sont parvenus à la confirmer. Des cellules infectées par chikungunya sont capables de rester dans l’organisme longtemps après l’infection.
#WashUMed researchers have developed a method for fluorescently tagging cells infected with #chikungunya virus, allowing scientists to track how cells may harbor the virus months after infection. https://t.co/kt1NDrYBtB
— Washington U. Med (@WUSTLmed) August 29, 2019
Une étude menée sur des souris
Des souris ont été utilisées dans cette étude : les chercheurs leur ont inoculé le virus chikungunya, préalablement modifié génétiquement pour devenir fluorescent lors de l’infection. Plusieurs mois après la contamination des souris, les globules rouges de leurs cellules contenaient toujours l’ADN du virus. "Personne n’avait réussi à localisé les cellules qui contenaient l’ADN du virus, explique Marissa Locke, auteure principale de l’étude. C’est vraiment important car si on ne trouve pas les cellules, on ne peut pas les étudier."
Le virus est toujours présent plus de trois mois après l’infection
Le virus se loge dans les cellules musculaires et dans les tissus conjonctifs de la peau et des muscles. "Les cellules infectées étaient toujours dans les muscles et les articulations 114 jours après l’infection, précise la chercheuse, et elles contenaient encore l’ADN du virus." D’après l’équipe de scientifiques, c’est ce qui déclenche l’inflammation chronique et provoque les symptômes de l’arthrite.
Pour l’heure, les chercheurs doivent poursuivre leurs recherches avant de pouvoir travailler sur un médicament. "Nous sommes encore loin de pouvoir proposer un traitement aux gens, précise Deborah Lenschow, co-auteure de l’étude. La première étape avant de développer une thérapie est de comprendre la cause des symptômes, et cette technique nous permet de le faire."
Une épidémie mondiale
Le virus chikungunya est transmis par le moustique tigre. En général, les premiers symptômes apparaissent entre 4 et 7 jours après la piqûre notamment la fièvre ou les maux de tête. Aucun traitement ne permet de soigner la maladie, les médecins peuvent seulement agir sur les symptômes. Aujourd'hui, le virus serait présent dans une soixantaine de pays.