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Souffrance au travail

Accidents du travail : les troubles psychosociaux en hausse

Par Charlotte Arce

En 2016, 10 000 cas de troubles psychiques ont été reconnus au titre d’accidents du travail et 600 en tant que maladies professionnelles. Des chiffres en hausse, et qui concernent en premier lieu les femmes.

Tero Vesalainen/iStock

Stress, burn-out, harcèlement moral, trouble anxieux ou encore dépression… Autant de troubles révélateurs de la détérioration des conditions de travail et qui se répercutent sur le bien-être et la santé des travailleurs.

Alors qu’il y a encore quelques années, cette souffrance en milieu professionnel était peu considérée, elle est aujourd’hui au cœur d’une prise de conscience globale, à la fois de la part des travailleurs, mais aussi des professionnels de santé.

10 000 cas reconnus comme accidents du travail

C’est ce que met en lumière un article sur les risques psychosociaux au travail publié dans la revue Prescrire, et repéré par le site Le Progrès. Selon la revue, ces troubles psychiques liés à l’environnement professionnel sont de plus en plus reconnus comme des accidents du travail ou des maladies professionnelles. Ainsi, en 2016, ce sont 10 000 cas qui ont été reconnus au titre d’accidents du travail, tandis que 600 l’ont été en tant que maladies professionnelles.

Selon les rédacteurs de la revue, les arrêts de travail en lien avec les troubles psychiques reconnus comme accidents du travail sont en moyenne de 112 jours : c’est le double de temps constaté pour l’ensemble des accidents du travail. Les arrêts de travail en lien avec les troubles psychiques reconnus comme maladies professionnelles sont quant à eux de 400 jours en moyenne.

Les femmes en première ligne

En novembre dernier, une étude menée par la Fondation Pierre Deniker révélait que 22% des Français présentaient une détresse orientant vers un trouble mental quand ils/elles se trouvent sur leur lieu de travail. Cette souffrance au travail touchant davantage les femmes (26%) que les hommes (19%).

La revue Prescrire établit un constat similaire : dans près de 6 cas sur 10, ces troubles psychiques concernent des femmes. L’une des raisons avancées est qu’elles sont surreprésentées dans des métiers exposant aux risques psychosociaux : c’est le cas du secteur médicosocial, mais aussi dans le transport de voyageurs et le commerce de détail.

L’an dernier, l’étude de la Fondation Pierre Deniker montrait aussi que les femmes étaient davantage soumises au stress, notamment en cas de harcèlement sur leur lieu de travail. "Le risque qui pèse le plus lourd, ce n'est pas ne pas arriver à mener de front une vie professionnelle et une vie familiale, c'est plutôt être exposé à quelqu'un qui prend plaisir à faire souffrir lors du travail, donc ça renvoie à une problématique de harcèlement sur le lieu du travail", analysait ainsi la psychiatre Astrid Chevance, qui a analysé les données de l’étude.

Des limites à l’étude

La revue Prescrire reconnaît cependant des limites à ces données, qui "ne portent que sur une fraction de salariés, principalement du secteur privé". Par ailleurs, elle note que "tous les troubles psychiques liés au travail ne sont pas déclarés" en raison d’une "opposition des employeurs à faire la déclaration, les craintes des salariés pour leur emploi, une réticence ou information insuffisante des médecins".

Elle conclut donc qu’il reste compliqué de savoir "savoir quelle part de l’augmentation constatée des troubles psychiques reconnus comme liés au travail relève d’une hausse réelle des risques psychosociaux, ou d’une plus grande prise de conscience de la part des travailleurs et des médecins".